> Critiques > Labellisés



Le remède est le poison. Ainsi s’ouvre Ambiance Argile, le nouvel album de L’étrangleuse, désormais quatuor avec l’arrivée de la bassiste Anne Godefert et du percussionniste Léo Dumont, notamment remarqué au sein des brillants An’Pagay, dont le Somin Tegor paru en juin 2022 m’avait particulièrement enthousiasmé. Depuis leurs débuts à Lyon il y a une quinzaine d’années, Mélanie Virot – harpiste confirmée, familière des répertoires classiques tout autant que contemporains – et Maël Salètes – guitariste au sein de (entre autres) Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp – creusent leur aventureux sillon dans la terre fertile d’une expérimentation toujours renouvelée. Une ambiance argile, d’après vous, c’est quoi ? On sait que si pour le corps humain l’argile a des vertus antiseptiques et purifiantes, elle stocke tant et si bien l’eau que l’air disparaît et qu’elle en devient asphyxiante. Matière à double tranchant, donc, malléable et protéiforme, que l’apprenti sculpteur manipule sans crainte, puisqu’au contraire du marbre, ça ne coûte pas grand-chose. Et ainsi, c’est en jouant sur les contrastes et la plasticité des compositions que L’étrangleuse ouvre son quatrième opus, avec le virevoltant Le Remède, dont voici le pitch : David Byrne et Stereolab en vacances à La Réunion, pour une variation math rock psychédélique et tendue du maloya local. En dix titres chantés en français, portés par des voix mixtes qui se répliquent et se répondent, sur fond d’instruments traditionnels (dont le djéli n’goni griot) et de rythmiques syncopées, les Lyonnais donnent dans la transe (Ironie du sort et son final électrique énervé), le post-punk world à l’esprit électro (mais sans électronique, génial Ornières), l’a cappella (Pas de Mort) ou encore la comptine cabaret baroque (Ennemi), quand l’hypnotique instrumental Filu’e Ferru évoque le cinéma italien bis des 70s. Avec Ambiance Argile, L’étrangleuse nous ouvre les portes de son atelier, nous invitant à mettre mentalement les mains à la pâte pour esquisser nos cheminements sensoriels, qu’il conviendra de graver, non pas dans le marbre, mais dans le vinyle, la plus noble matière qui soit.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.