Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais le matin, alors que le RER B me permet de rejoindre Denfert-Rochereau plus rapidement, j’aime prendre la ligne 4 du métro, certes plus lente, mais plus aérée, moins utilisée par ces Franciliens facilement reconnaissables par la bonne humeur qu’ils dégagent. Pour m’accompagner, je termine d’écouter ma salve de podcast humorotico-sportivo-politico-deprimo, ou alors un album doudou pour attaquer la journée avec la tête bien pleine, ou alors, comme ce matin-là, un album qui grossit les rangs des disques qui nous sont proposés pour que nous en fassions la chronique la plus juste et la plus inspirée possible, sans recopier la feuille de presse (non, sérieux, à quoi bon !!).
C’est à peine assis sur un strapontin du métro que j’eus l’idée de me plonger dans le septième album de Stumbleine (invité sur le volume 27 de nos compilations, il y a de cela 12 ans). Je savais que la compagnie de ce disque le temps de ce trajet sous terrain, n’allait pas susciter en moi la moindre gesticulation de mes membres inférieurs traduisant une envie de partager avec mes compagnons de ce voyage matinal, via la rythmique, la musique qui emplissait mon crâne. Mais de là à me plonger dans un sommeil profond qui serait heureusement brisé par la descente massive des voyageurs à la station Montparnasse-Bienvenue. Le remue-ménage des chasseurs-cueilleurs équipés de valise à roulettes, me sortit du sommeil dans lequel le disque m’avait plongé. Non pas que la veille fut une démonstration de ma capacité à attendre le quadruple zéro de mon radio réveil. Je fus plongé dans ce qui pourrait être la fameuse Deleted Scene, titre de l’album. Car si les beat sont puissants, ils sont disjoints comme une famille française un dimanche midi à l’heure de discuter politique quand le volet des études et de la saison de foot est terminée. Entre ces pulsations erratiques, une musique vaporeuse et mélancolique, nous fixant tant bien que mal dans un halo proche d’un matin de randonnée en forêt, quand la veille le bruit de la pluie avait couvert le silence.
Je suis donc revenu sur ce disque, sans la berceuse du rail, sur un siège en osier, comme pour m’assurer une assise inconfortable. Et je suis resté enchanté, presque ébahi (comment ne pas penser à Cranes), car si Deleted Scene doit être interdit d’écoute en voiture de nuit sur une autoroute, il est une nouvelle pierre à de l’édifice si particulier que se construit Peter Cooper au fil des albums. Une électro de chambre qui n’endort que dans la routine. Faites un pas de côté, quittez l’immobilisme sclérosant, et offrez vous une parenthèse enchantée, un bonus dans le dvd de votre vie normative.