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La junk food, on kiffe ! Quoi de mieux qu’une orgie de protéines trafiquées et bourrées de sucres rapides pour éponger la gueule de bois, puis… avoir faim dans la demi-heure qui suit ? Il en va ainsi de la société de consommation, qui dévore tout sur son funeste passage mais jamais rassasiée, parce que – malgré des injections (injonctions ?) massives de concepts (paradoxaux, donc incompréhensibles), de désirs (morbides, sous couvert de bien-être) et de perspectives (ineptes, sauf à rêver de croisières qui ne mènent nulle-part ailleurs qu’au plus profond de nos névroses) – très pauvrement nourrie en concepts, désirs, et perspectives réellement nutritifs. Tacoblaster, rien que le patronyme me fout la dalle, alors quand le titre inaugural évoque la fameuse sauce piquante de chez KFC (2 Hot 4 U) et qu’en plus Royal Color est publié par les (in)estimables bordelais Flippin’ Freaks, je fonce tête baissée, non pas au Mac Donald’s de la porte des Lilas (trente minutes d’attente garanties, à l’issue desquelles toujours il manquera les frites froides ou le petit wrap d’appoint), mais bien dans la chronique du deuxième album de Tom Caussade (batteur de Stoner Bud’s) et ses acolytes – Sabrina Ben Marzouk (basse, tambourin, chœurs), (chœurs) et Yannick Courbian. Et hop, c’est parti pour onze titres gorgés d’électricité et d’harmonies radieuses, évoquant sans complexes ni nostalgie (après tout, le sens de la mélodie est intemporel, non ?) l’indie rock 90s ligne claire tel que magnifié par tout un tas de petits ricains basés sur la côte ouest (Weezer, The Posies, mais également Elliot Smith quand la délicatesse s’en mêle). Ceci dit, l’on perçoit ici et là des influences plus urbaines, la fin noise de Sex Drive, les couplets Placebo de Sparkles ou des guitares folk jouées uniquement en aller, comme chez Sentridoh (In Her Eyes). Tacoblaster s’en donne à cœur joie dans un registre certes balisé mais hautement contagieux, à tel point que l’on se demande s’il ne faudrait pas désormais parler de scène bordelaise, pour qualifier ce retour au grunge mais-pas-que qui pousse les jeunes pousses locales à prendre parti pour un rock soi-disant mort et les guitares électriques saturées et les rythmiques fiévreuses et les mélodies lumineuses. L’irrésistible / destructuré Shut définitivement nous convaincra, on a envie d’infiniment bavasser et, pourquoi pas, why not why not, de prendre un billet de train pour Bordeaux, histoire de prendre le pouls de la nouvelle place forte du rock hexagonal, qu’indubitablement Tacoblaster représente avec brio.




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