Alors que les frères Gallagher refont surface pour le bonheur des fans et des fonds de pension, que Guy Lux va être réhabilité l’été prochain par la télévision française, le grunge refait surface tel un nageur spécialiste du papillon, de façon fractionné.
Pour son sixième album, Shirt , Le New-Yorkais Aaron Maine, alias Porches nous replonge dans l’univers de nos années FAC, quand l’apparence avait tout autant d’importance que maintenant, sauf qu’elle nécessitait un j’men foutisme qui me sied plus que les heures passées devant le miroir de la salle de bain pour se recouvrir la tignasse de Vivelle Dop. Shirt n’est pas véritablement un disque grunge (comment le nommer alors qu’un titre comme Joker est plus proche du bob de la Jamaïque que du bob de Malone). Il utilise des artefacts hideux de la musique actuelle (le très moche Crying the End, le chaotique USA) mais aussi les pures merveilles laissées par nombre de musiciens qui mériteraient le Panthéon (Voices in My Head), mais loin de l’esprit grunge. Le disque reflète à la fois l’innocence de la jeunesse suburbaine et les réalités fragmentées de l’âge adulte. En explorant la tension façon docteur Jekyll et Mister Hyde, l’album confronte les aspirations aux réalités de la vie quotidienne. Comme le nageur précité, Aaron reprend de l’air avec ses guitares grunges, ou son piano bancale et un chant fatigué mais posé (le discutable Music) pouvant prétendre à gagner une nouvelle émission « Je chante à la manière de » (indices : MTV, pull, Bowie, Unplugged). Séduisant sur quelques titres (Bread Believer va rejoindre notre compilation non fermée des morceaux que nous adorons sans le crier sur les toits), Precious pour ses carambolages, Rag pour sa folk implosée), Shirt n’est en fin de compte qu’un disque souffreteux qui tente de nous faire passer une croûte pour un tableau de maître. Métier, faussaire.