Qui a lu le Salammbô de Gustave Flaubert sait à quel point la langue parfois peut être lourde et riche de sens, au point d’épuiser son auteur ( « J’ai la fièvre tous les soirs et à peine si je puis tenir une plume. La fin a été lourde et difficile à venir »). Œuvre ample et protéiforme, elle a inspiré le dessinateur Philippe Druillet mais également le trio valentinois Sheer Division, par ailleurs nourri du meilleur des sombres mondes imaginaires (de Lovecraft à K. Dick), mais également accro au nihilisme punk (« Je tourne en rond, il n’y a plus rien à faire »). Avec leur premier EP, Jérôme Simonian (chant, guitare, programmation), Marie-Hélène Rattin (basse) et Xavier Chaquet (guitare) s’aventurent dans un registre metal stoner, chanté en français et évoquant tout autant les Deftones et Soundgarden que Magma (le goût pour l’étrangeté 70s) : oblique et ubique, aventureux. En quatre compositions compactes gorgées de fuzz et de rythmiques lourdes, le trio se jette à corps perdu dans la fièvre électrique, à l’instar d’un Demarbre marqué par un héroïque solo de guitare digne d’un stade en feu et l’irruption d’un flanger du meilleur aloi, ou du power pop La Nuit, particulièrement mélodieux, imbibé de grunge 90 ‘s. Tirant vers la noise hardcore teintée de heavy, le grondant Sanssecours clôture avec fougue un prometteur Saalammbö : Sheer Division fait preuve d’une belle singularité que l’on devine en concert particulièrement fougueuse. A vérifier sur place lorsqu’ils passeront près de chez vous.