En 2022, c’est avec enthousiasme qu’en ces pages nous évoquions Reaching Out, le premier EP de Cyril Peron-Dehghan, alias Cy : « Il y a du José Gonzàles dans l’œuvre de Cy. Même amour des pistes de chant murmurées et souvent doublées, claviers et cordes effleurés du bout des doigts, basses en sourdine, savants assemblages de sonorités acoustiques et électroniques, architecture ambitieuse et néanmoins à l’échelle humaine, puisqu’elle laisse passer l’air et la lumière. » Le multi-instrumentaliste marseillais, passé par le Conservatoire d’Aix-en-Provence, continue de faire ses gammes et d’élargir son univers, au gré de collaborations avec des artistes tels que Julien Pierson, Atef ou Dimitri Reverchon, et de travaux pour l’audiovisuel (animation, cinéma, jeux-vidéos) : éloge de la patience, donc, tel que suggéré par l’intitulé de ce nouvel EP, Day After Day. Si Cy en profite pour enrichir son registre – le groovy Décrocher, interprété en français, et le pop folk teinté de zouk Human, featuring Emmanuel Eveno (ex-Tryo) –, son point fort n’en reste pas moins les ballades cotonneuses, portées par des arrangements sensibles et classieux. Il suffira, pour s’en convaincre, d’écouter la poignante complainte électronique You Won’t Fade Away, trip-hop orchestral sur fond d’arpèges de guitares et de piano rappelant Low Roar ou AaRON, dont le final épique est d’un romantisme ultime, ou le délicat Come Back, mid-tempo pop folk atmosphérique à l’étonnante conclusion électro world, toute de percussions et de cordes mélancoliques. Quant à l’introductif et très efficace Day After Day, il joue avec pertinence du contraste entre la batterie (aussi raide que mate), le chant (fluide, souple, parfois doublé – à la Midlake, on aime), la guitare en accords ouverts, rappelant The Police, et les appoints électroniques, discrets mais essentiels : Cy n’est jamais meilleur que lorsqu’il évolue sur le fil du rasoir.