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Mélancolique, acidulé. Self-Sabotage, le premier album de Kicking The Habit, est une chapelle dreampop éclairée à la bougie par d’irréprochables références 90’s – The Breeders, Stereolab, Cranes –, chapelle qu’avec impatience l’on attendait de visiter, tant nous fûmes chez ADA charmés par Your Song (que l’on retrouve sur le volume 63 de nos compilations), ballade pixisienne douce-amère alternant entre spoken word en français et caressante mélopée, interprétée dans un anglais impeccable par Renée Clancy : massage sonore garanti. Par ailleurs, sur le tribute consacré à L’Avenir est Devant, l’inaugural opus des maussades Mendelson, le duo franco-américain (Marc-Antoine Sei étant l’alter-ego de Renée) s’était livré à une version tout à fait lumineuse de Au Début, que vous trouverez sur ce Self-Sabotage à l’intitulé trompeur, puisque de sabotage il ne sera nullement question, sauf à mettre (involontairement) hors-jeu une grande partie des chanteuses hexagonales s’exprimant dans la langue de Kim Gordon. Parce que oui, c’est tout bête, mais une Américaine qui chante en anglais, bah tout de suite, on entend la plus-value : c’est fluide, c’est naturel, ça sonne. Et ça sonne d’autant plus quand Renée murmure en français : attrayant (l’accent), flippant (ce qu’elle raconte). S’ouvrant sur le quasi-instrumental planant David Lynch (durant lequel, sans trop savoir pourquoi, je repense à la scène dans Wild at Heart, où – sous le soleil écrasant de Big Tuna – Sailor et Lula se font présenter à Bobby Peru et ses potes chelous), le cinématographique Self-Sabotage (ici et là, l’on entendra des samples tirés de films) se perçoit comme la déclaration d’amour de leurs auteurs – rejoints à la batterie par Étienne Gaillochet – à l’indie pop rock shoegaze anglo-saxonne, pêle-mêle Beach House, Sonic Youth et Stina Nordenstam : l’on est vraiment à mi-chemin entre organique (le chant très pur, les lignes de basse à la Kim Deal, la batterie parfois virevoltante) et synthétique (l’atmosphère cotonneuse, la réverbération, les arpèges électroniques). Qu’il s’agisse du puissamment émotionnel The Voyage, de la magnifique ballade-slow Mom (avec rien de moins que Sean Kirkpatrick derrière les fûts) ou de la géniale comptine Get Out, Kicking The Habit fait des merveilles avec peu (production simple, précise, qui va à l’essentiel ; le disque est très agréable à écouter), veillant à ne jamais s’éparpiller en arrangements superflus ou vaines digressions. De For Her à Bleed (sur lequel Claire Feltz assure les chœurs), en passant par le catchy Rays et l’attendrissant Flakes of Hope (qui pourrait figurer sur la bande son du jeu vidéo Nier Automata), jusqu’à la surprenante reprise du Halo de Depeche Mode, Kicking The Habit confirme les belles promesses entrevues ces derniers mois : au sein de la rédaction d’ADA, gros coup de cœur.




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