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  • 9 novembre 2024 /
    Katerine
    “Zouzou” (Cinq 7)

    rédigé par gdo
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Mardi 28 Novembre 1995. Je suis à l’Usine, mythique salle de concert de Reims rue Lesage. Pour 80 Francs, quelques bières, je vais assister au concert de Dominique A qui vient de sortir La Mémoire Neuve, avec en première partie Katerine, qui lui vient de sortir Mes Mauvaises Fréquentations. L’un a son petit sucés public avec le Twenty Two Bar qui le mènera aux victoires de la musique pour un passage où il sera tendu comme une arbalète, l’autre sort son premier album « grand public » après le foutraque Les Mariages Chinois et la Relecture et le bizarre L’Éducation Anglaise avec ses sœurs Anne et Bruno au chant. L’un porte le T short noir lâche, l’autre un coll roulé maronnasse.

Attention faille spatio-temporelle : Je vous emmerde, Louxor, Depardieu, Le Grand Bain, sous pull rose, bite à la place du nez, la moustache, les J.O.......

Novembre 2024, je suis chez moi face à ma platine vinyle dans la salle dite à manger, mais où nous mangeons rarement. Dominique A vient de sortir un double album, sorte de bilan moitié symphonique, moitié trio. Dominique y apparaît comme à ses débuts, moins tendu, plus affable, mais toujours emprunt d’une forme d’austérité, de retenue, qui ne se craquelait que sur scène quand il entame cette danse qui ne tient qu’à lui, quand ses bras deviennent des éoliennes magnétiques. On ne rigole pas chez Dominique, la mélancolie est une seconde peau et aucun coup de soleil n’est venu altérer l’épiderme. Deux semaines après sort Zouzou (du nom de son chien) nouvel album de Katerine. Après sa prestation commentée au J.O., celle non moins commentée à la fête organisée par notre monarque pour adouber nos athlètes et ses billets du jeudi matin sur France Inter, Katerine avait déjà laissé des traces de Zouzou. Sous Mon Bob a envoyé nos casquettes dans la malle des fringues à ne plus mettre, Nu nous donnait une leçon comme la chanson pacifiste à faire valider par l’O.N.U. et Joyeux Anniversaire, essai transformé de dépoussiérer cette tradition de fêter notre passage et de le prendre comme une performance.

Comme sur Confessions, les collaborations sont nombreuses, mais personne du show-business, juste sa maman, ses enfants (Angelos Intermezzo, La Chanson d’Edie). Comme sur les confessions, les styles sont nombreux, mais les arrangements sont au diapason de chansons (les chansons Zouzou ou Cinéma sont à tomber à ce niveau) comme seul Katerine est capable d’écrire. Car sous couvert de sa voix joyeuse, de son affection pour tout les choses relevant de l’anus, Katerine a une patte (alors que Zouzou, le chien le plus célèbre depuis le Taz de Trotski Nautique, en a quatre). Quand il parle d’un Ara d’Illiger (une chambre avec moi) il nous évite de sortir notre dictionnaire et donnant sa définition le ver d’après. Quand il parle de son papa et de sa grand-mère, il nous offre une réflexion philosophique implacable (Comme Disait Ma Petite Soeur) : Quand il n’y a pas de solution il n’y a pas de problème. C’est certainement un art de la pirouette dans la famille Blanchard (état-civil du sieur Katerine), jouer au judo avec les affres, ne jamais les humilier, mais les rendre plus amicales afin de vivre avec, parler de ses doutes (Père (toujours est-il)) Chanson magnifique sur la filiation) avec franchise (Que deviens-tu ? et l’acceptation de la vieillesse par le versant le plus « humiliant » chez l’homme sa virilité) et de ses friandises, afin que ses boulets perdent en densité et deviennent des bulles avec lesquelles nous devons jouer sans les exploser au milieu d’un name dropping comme un alignement des planètes, même les plus éloignés.

Entre Dominique et Katerine, le fossé s’est moins creusé que nous pourrions le penser (pas comme avec son Frerot pour une chanson implacable sur le pardon). Capillairement l’un assume plus que l’autre le côté hirsute (comme dit Katerine, je m’en fous de ce que donne à voir). Mais au final, les deux parlent de nos affres, de la mélancolie (Chez Philou (el café bar)), sauf que Katerine en fait quelque chose de coloré, assumant d’être Total à l’Ouest comme un mantra pour accepter la vie comme elle est (Dormir en Cuillère). Chez les deux, il reste la contemplation de l’horizon de la mer comme le dernier endroit sur lequel il faudra poser ses yeux avant leur fermeture (Bonifacio). Duo à la Lord Brett Sinclair Daniel Wilde, Dominique et Philippe trace des sillons parallèles, plus colorés et fantasques chez l’un, mais pas moins plombé de l’intérieur. Car Katerine utilise aussi l’imparfait comme un aveu de sa crainte du temps qui passe, et en cela Zouzou est un disque thérapeutique à prendre au degré qu’il vous sera le plus commode d’encaisser. Perso face à ce billet et les 29 ans qui m’en séparent, je vais prendre mon Zouzou matin midi et soir, afin d’accepter qu’il n’y a pas de bouton pause.....que le temps qui passe.




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