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Rêvons un peu (cela ne fait pas de mal par les temps qui courent.) Imaginez un nouveau film de Ken Loach. L’intrigue se ferait dans un quartier de Manchester dans les années 80, ou même en banlieue de celle-ci. Nous y croiserions les vies de jeunes chômeurs et de syndicalistes qui trouveraient comme planche de salut le rectangle vert pour y pousser un ballon (même si un précédent EP montrait plutôt des joueurs portant celui-ci), prétexte à des échanges autour de la politique, de la musique, de la vie en général. Il s’en dégagerait une humanité fraîche comparée à celle qui tente de résister artificiellement en ce moment, et Ken Loach monterait les marches de Cannes afin de porter la parole d’un prolétariat qui n’avait pas besoin d’un iphone dernière génération pour exister.

Comme bande son Ken Loach aurait fait appel à des Français, les Rennais de Food Fight. N’arrivant pas à me réveiller je descellais dans mon cinéma du sommeil un écueil, car les Français en question ne pouvait pas l’être, tant ils sont les successeurs légitimes d’une scène anglaise qui faisait du punk comme un acte de survie, et de la pop comme un acte de camaraderie à partager pour se sentir vivant. Une fois réveillé par un réveil m’intimant l’ordre de me diriger vers un train de banlieue, j’ai réécouté pour une énième fois (sans que cela ne soit une souffrance) Zeitgeist Impressions le premier album de Food Fight, est l’évidence que mon rêve pourrait devenir réalité. Déjà, les thématiques collent parfaitement avec le cinéma du grand ken, car derrière cette légèreté ne se cachent pas des thématiques politiques, dans ce que le mot a de plus beau. Implacables sur les douze titres, Zeitgeist Impressions, pourrait s’imposer comme un standard à ranger à côté du premier album des La’s, le I Should Coco de Supergrass ou le Trains Boats and Planes des Irlandais de Franck and Walters, un disque pop punk parfait, loin des moines copistes, avec la fraîcheur d’une troisième mi-temps sentant l’herbe fraîche à peine tendue, la sueur et le bonheur d’être ensemble. Ne cherchez pas le meilleur groupe anglais du moment entre Brighton et Manchester. Non direction Saint Pancras, prenez le tunnel sous la manche et une fois arrivé dans l’hexagone direction Rennes. Le vent se lève toujours sur Rennes.




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