Un coup de maître. Il ne manque rien à Lumière Volante, la dernière sortie du Rouennais Bernard Grancher sur Astra Solaria Records. Un album à écouter très fort, à kiffer, au casque ou non, à habiter, c’est-à-dire à pénétrer, se laisser absolument pénétrer par ce son. Il a le bon goût de démarrer en mode coup de poing avec huit minutes de matière sonore et cette première piste : « Taper des Poings sur les murs ». Bernard Grancher, on a envie de vous demander : à quand une fuckin’ rave party, le sound-system de l’année 2000 pile, sur les quais d’avant le 106 à Rouen, et des murs d’enceinte et des ombres qui émergent de la lumière volante, de celle qui tournoie au-dessus des corps dansants et amochés par trop de fatigue, par trop de nuits blanches, par trop de clopes, et des sons de guitares saturés, de claviers saturés, des sons de flûtes saturées, des riffs ? Et l’auditeur ne sature pas du tout.
L’ auditeur, le danseur, sont accro, ils en re-demandent ! « Taper des Poings sur les Murs » c’est wow, un énorme kiff, on taperait bien de la tête dans des murs de mousse comme dans les dojos. La ritournelle de ce premier titre nous envoie très haut dans le ciel étoilé de Lumière Volante - et de toutes les créations de Bernard Grancher par ailleurs. Qui d’autre pour nous surprendre deux minutes avant la fin de cette piste par des jeux de nappes sonores qui annoncent, quoi ? Rien d’inéluctable, pas même la fin du morceau, juste le début du vol intense et doux que représente Lumière Volante. Quarante-quatre minutes et neuf titres aux noms les plus déroutants les uns que les autres, c’est unique, c’est de l’amour pur, mais sans objet, mis au service de rien, juste blotti dans le casque et projeté ultra-fort dans l’univers.
Contrairement à ce que voudrait modestement nous faire croire la page Bandcamp, Lumière Volante, non, ce n’est pas que de la musique « pour voitures » mais de la musique clignotante, ça, oui. Synthpop ? Mouais, seulement, le coeur on ne peut pas le faire entrer dans une case, alors répétons-le : c’est de l’amour pur. L ’amour du (des) synthé(s), l’amour du son, l’amour de produire mille-et-une choses à la maison, et à les envoyer en orbite à 150 000 kilomètres à l’heure dans nos salons tranquilles. Ne cherchez plus la bande-son qui collerait aux heures pendant lesquelles vous scotchez sur l’appli Stellarium tellement c’est beau, nous l’avons trouvée pour vous : il s’agit de Lumière Volante.