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Excellente surprise que ce Glass Shelter brestois, opus inaugural enregistré au printemps dernier à la Carène et arrivé jusqu’à mes oreilles par l’entremise amicale de son guitariste chanteur, Pascal Le Floc’h, autrefois pilier des (croisés en ces pages) I Come From Pop et désormais moitié – l’autre moitié étant le claviériste Philippe Bossard, qui signe également les arrangements – de Tunnels, un nouveau projet plus frontal, ne serait-ce que par ses terriblement efficaces digressions krautrock (le final de Concrete Skin, à kraut-croquer) et l’usage de boîtes à rythmes tout à fait catchy (le solaire Daytime Parade, un petit air de Midnight Juggernauts). Bien entendu, Pascal reste un fin mélodiste et sa voix haut perchée, précise et souple comme un chat à mille vies, fait des merveilles, notamment lors de ponts planants semi-instrumentaux où les harmonies s’empilent et se croisent et se dispersent, comme sur ce Seasun qui en son milieu voit débarquer beats et claviers, ou sur Happy End, ballade mille-feuilles oscillant entre Elliott Smith et Midlake. Et puis il y a Glass Shelter – le morceau, sommet : rejoints par François Joncour (aka Poing) à la basse et Arnaud Kermarrec-Tortorici (Mnemotechnic) à la batterie, Tunnels tisse une patiente mélopée atmosphérique qui – les secondes défilant – se transformera en irrésistible tournoiement krautrock. Si le duo saupoudre ses chansons d’inflexions lounge et de suites d’accords pop sixties (l’on pense notamment aux ballades Restless Swarm et Ease Yourself), il n’en reste pas moins meilleur que lorsqu’il syncrétise les registres qu’il frôle, à l’image du paradoxal White Anger (groove martial, basse saturée, arpèges ondoyants – de l’entrain, mais de la mélancolie, surtout) et plus particulièrement de Cannonball, accrocheur en diable, parfait morceau d’ouverture : son cristallin, accords de guitare folk joués uniquement en aller (pour créer de la tension), mélodie rappelant les Silversun Pickups, et à une minute trente le beat électro déboule, puis les arpèges synthétiques, puis la basse linéaire, ça file au vent sans jamais éclater (ce serait trop facile, non ?), forcément, on en redemande. Troisième duo brestois (ou assimilé) que j’évoque cette année (les autres étant Gwendoline et Man Foo Tits), pour trois disques vraiment bien fichus. Si l’on y ajoute les exploits du Stade Brestois en coupe d’Europe, la grisâtre (deux mois de printemps, dix mois d’automne) cité du Ponant est gâtée, n’est-ce pas ?




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