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Festival Les Inrocks Motorola 2007-Lille. Vingtième anniversaire du festival des Inrockuptibles. Compte-rendu des soirées lilloises du 9 et 10 novembre 2007. Une évocation aussi laconique qu’inversement proportionnelle à notre déception.

Vendredi 9 novembre 2007- Lille, Aéronef.

* New Young Pony Club : A la question, suffit-il de compter dans ses rangs une claviériste à jupe lamée estampillée 80s qui se déhanche telle une Corinne Charbi stylisée pour donner de l’âme à un dance-rock bâti sur des motifs new-wave éculés ? La réponse est non.

* Yelle : la Bretonne s’emploie avec énergie et détermination à la manière d’une Lio nu-rave à transformer l’Aéronef en entrepôt à free parties sur les beats contendants de GrandMarnier et les boucles mordantes de Tepr. « Je veux te voir », « Mal poli », « Mon meilleur ami », « A cause des garçons »... comme autant de tentatives franches du collier mais au final plutôt vaines.

* Jack Peñate : engage les débats ainsi qu’un gommeux rockab qui ne contient plus l’envie d’en découdre lui lacérant les viscères. Suivront près de quarante-cinq minutes d’un set lancé à la vitesse d’un Derrick Atkins au meilleur de sa forme : « Run For Your Life », « Spit At Stars », « I Have Been A Fool », « Second, Minute Or Hour », « Learning Lines » et surtout « Got My Favourite » enthousiasmant. Un agréable moment d’indie-pop qui fait le sexe avec une soul déjà besognée par un ska entreprenant. On regrette simplement que ce soir Peñate ait été plus souvent le copain d’école excité de Lily Allen que Billy Bragg.

* The Go ! Team : il y a cette blague de Dany Boon qui se raconte ici : y’a quoi dans les fricadelles ? On sait pas mais c’est bon. La question se pose pour le groupe de Ian Parton : y’a quoi dans The Go ! Team en live ? Qu’est-ce qui relève de l’instrument joué, de la bande, du mixage ? Difficile à dire mais la question taraude et finit par si bien entêter qu’elle agace. Alors on aime les auteurs de Thunder, Lightning, Strike et Proof Of Youth, le flow uppercut de l’endurante rappeuse Ninja, la double-batterie qui ne sert à rien et l’incessant changement d’instruments et d’instrumentistes. On cède sans bouder son plaisir sous les assauts soniques, les mélodies avec un pet au casque et le salad-bowl musical énergisant dans son ensemble. On frappe des mains et on crie « Yeah » dès les premières notes de « The Power Is On », « Junior Kickstar », « The Wrath of Marcie », « Doing It Right « , « Fake ID », « Grip Like A Vice » ou « Titanic Vandalism » mais on ne peut cesser de s’interroger. La fricadelle c’est bon, entendu, mais encore plus difficile à digérer quand on doute de sa composition. Et puis les intermèdes façon camps scouts avec guitare folk ingénue animés par la batteuse qui chante faux...

Samedi 10 novembre 2007- Lille, Aéronef.

* Elvis Perkins : le set le plus convaincant de cette édition décentralisée. Classe. Retenue. Puis fièvre. Folk enraciné. Pop limpide. Van Morrison ou Bob Dylan. « While You Were Sleeping » terrassant, « May Day ! » presque hymnique, « Weeping Pilgrim », « Doomsday » ... Après lui le déluge.

* Los Campesinos ! : premiers pas en France de cette formation galloise polymorphe semble-t-il. Raphie Ricci dirait « belle énergie ». Beaucoup d’allant (pensez punk pour étudiants en lettres). Une volonté permanente de déconstruire des compositions alors fractales (pensez Pavement). Un set plein mais aux contours flous.

* Noisettes : Pascal Nègre dirait « belle présence de Shingai Shoniwa » s’il prenait un peu la peine de décoller son pif de ses collectors de Sardou. Un set qui rappelle celui des BellRays quelques années auparavant (bien) mais qui resta très uniforme malgré sa volonté de briser la ligne garage rock tracée durant près d’une heure (pas bien). Casse-noisettes au final.

* Editors : concert très architecturé, aucune trace de lassitude sur les visages des désormais briscards d’un indie-rock aux accointances new-wave, de l’envie et de la maîtrise. Mais une prestation convenue. Pour les aficionados, la set-list : « Lights », « Bones », « Bullets », « An End Has A Start », “« The Weight Of The World », « Blood », « Escape The Nest », « All Sparks », « When Anger Shows » , « The Racing Rats », « Munich » et en rappel : « You Are Fading » , « Smokers Outside The Hospital Doors », et « Fingers In The Factories ».

Merci à D. Ludvig de l’Aéronef.

Photos : B. Dubiez.



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