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  • 8 janvier 2009 /
    Dionysos
    “Eats Music”

    rédigé par gdo
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Pour ces quinze ans de carrière, Dionysos a réussi la prouesse….de voir Daniel Johnston réaliser l’artwork d’une double compilation plantureuse (45 titres au compteur) sortant inédits et versions rares pour fêter cette durée anachronique pour un groupe rock à l’heure où les groupes split dés que leur compte facebook descend sous la barre des mille (faux) amis. Dionysos en a des amis, et Daniel en est un nouveau, et là messieurs dames c’est juste la classe américaine. Mieux que Lynch aux nouvelles galeries, Daniel Johnston, présentant ici le groupe comme un glouton unique, s’alimentant d’instruments.

C’est que Daniel a bien compris Dionysos et l’écriture d’un groupe qui ne s’est jamais résolu à n’utiliser que le trio quasi biblique, guitare basse batterie. A l’instar des gens comme Comelade ou récemment Chapi Chapo et la petite musique de pluie, le groupe a fouillé dans les caves, ressortie les jouets, et d’un coup de baguette magique, a fait grandir tout cela. De ce vaste matériel le groupe en a fait une œuvre attachante, mêlant folk festive, punk rock classé à l’ATP, mélancolie revancharde et fière, surfant aussi bien chez le Gun Club ou Will Oldham, se baladant indifféremment entre les Beastie Boys et le 16 Horsepower.

Si l’entreprise est louable, car récompensant les fans de toujours, plutôt que de lorgner vers de nouveaux marchés avec une compilation best of à la dimension artistique nulle, mais économiquement viable, en ouvrant sa cave aux souvenirs le groupe a ressortie trois sortes de matériaux. Des versions live inédites en dépits d’une discographie en live déjà monstrueuse du groupe, mais n’est ce pas là que Dionysos prend tout son sens. Des relectures, ou des démos de titres de la discographie officielle, et enfin des inédits couvrant l’ensemble de la carrière du groupe. C’est là souvent que le bas blesse, car si on peut imaginer des perles quand la carrière n’est plus à faire, on à toujours du mal à en récupérer au début, alors que tout est à construire. Comme dans une photo de mariage les plus beaux sont souvent sur le devant. Donc en faisant sa cave Dionysos a pris le risque d’exhumer des chansons qui devaient le rester, mais à l’instar de Dominique A avec son coffret « Les Sons Cardinaux » le groupe a posé les jalons de son évolution irréfutable. Car si on peut lui reprocher ses fin de concerts en forme de performance que ne renierait pas un Philippe Lucas vraiment drôle (intelligent ?), les jeux de scènes collégiens, et parfois les approximations, on ne peut que se féliciter de compter un tel groupe dans un paysage français trop souvent mangé par des monstres pour le coup dessinés par des membres éminent de l’industrie musicale.

Pas d’inventaire à vous faire, mais on réécoutera avec plaisir « Wet », avec surprise la reprise de « Rid Of Me » avec gourmandise « La Plus Heureuse Des Mamans Du Monde », et avec une émotion jamais feinte « Neige » (chanson qui avec « My Coffin » prouve aux sceptiques que Dionysos n’est pas qu’une aimable bande d’attardés qui piques les lunettes à Delarue ou qui faisaient les poussières sur le plateau de NPA). Donc un coffret de remerciement (bon il faudra le payer quand même, mais le prix est étonnement bas, même croqué) pour des fideles, qui ne se priveront jamais de faire jouer « L’Homme Sans Truquage » dans une fête de famille ou un grand fête, car Dionysos c’est aussi cela, une famille et la fête. Bon appétit.