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Ma paternité nouvelle me permet de revisiter des classiques de la littérature enfantine ainsi que les premiers Walt Disney, au premier desquels l’hallucinant « Alice Au Pays Des Merveilles », premier trip offert à ma fille, qu’elle transforme en addiction inquiétante, principalement pour le lapin qui se sait en retard. J’ai redécouvert assez estomaqué que des dessins animés, par essence pour enfant, pouvaient nous donner des sueurs froides (Blanche Neige regorge de moments d’épouvantes). J’ai alors réalisé que les contes et histoires imaginés pour nos bambins regorgeaient d’écho pour les adultes, parfois effrayants ou carrément obscènes (Bianca mouillant la queue de Bernard !!!!). Au moment d’ouvrir la Boîte à Ooti j’avais donc mes certitudes mises à mal, devais je me préparer à entendre des histoires enfantines pour des grands ou l’inverse, ou allais je devoir m’infuser une énième redite musicale des obsessions Burtoniennes qui auront fini par avoir la peau de Matthias Malzieu et de son Dionysos aussi poussif qu’un Gargantua dans les montagnes de fort fort lointain.

Soyons franc, éloignez vos enfants, sauf ci ceux sont habitués aux sons granuleux, aux basses oppressantes d’un Massive Attack « carapace » ou aux spectres vocaux d’un Portishead revenu des abimes par l’autoroute de l’enfer. Si votre bambin est habitué à cela grâce à votre discothèque monstrueuse il pourra écouter ces histoires sans effrois, il aura même la chance de pouvoir profiter à des moments lumineux, toucher de l’oreille le cristal. Composé de 12 chansons, dont certaines se répondent, cette Boîte à Ooti est difficilement transposable sur une échelle du temps, même si le Moyen Age pourrait sied à merveille à ces histoires de Chevalier. Musicalement elle est tout aussi incasable, l’électroniquement pop s’impose mais le constat vole en éclat ne serait ce que le temps de « Lili Sur Le Bord » à la fausse simplicité acoustique. La teinte, elle, est certes plus enjouée que la discographie de Smog, mais comment ne pas frissonner à l’écoute de « l’étincelle », ou tout simplement allumer toute les lumières en écoutant « Le Chevalier Noir » en duo avec le grand Dominique A., ou encore se vêtir d’un gros pull en laine en entendant « Chanson Minérale » qui se promène sur les volcans empruntés par Bjork. Mais cette boîte regorge avant tout d’histoires fantasmagoriques et joyeuses. Entre le séminal « Boite à Ooti » et ses affres vite emportés par des papillons clochettes et par l’enfantin « L’interprétation Des Signes » titre le plus organique de l’album, creuset même du disque. En définitive La Boîte à Ooti sait nous rassurer, nous aguicher (L’Invitation du Prince) pour mieux nous garder avec elle.

Découvert à l’occasion d’une sublime reprise de « Le Detour » sur le tribute de Dominique A, La Boîte à Ooti confirme qu’elle n’est pas une boîte à malice ni même de Pandore, mais qu’elle dispose d’une clé qui ne demande qu’à être tournée pour déclencher des sons, des lumières, des ombres chinoises sur nos plafonds. Dépoussiérant un imaginaire parfois collectif, La Boîte à Ooti signe un disque fureteur et malin qui ne tombe jamais dans l’onirisme pompier. En refermant cette boîte, je me plais à penser que ces chansons sont signées d’un sceau rare par ces temps mouvementés, celui de la bienveillance. Dépêchez vous de rattraper ce disque, avant d’être définitivement en retard.




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