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Autant le dire d’emblée : là où les précédents albums d’Exsonvaldes m’avaient laissé complètement indifférent, c’est tout le contraire qui s’est produit avec ce nouvel album intitulé « Lights » ; et je crains en plus de m’être transformé en fan hystérique…

Mais reprenons froidement dès le début en adoptant la posture détachée nécessaire à une chronique musicale….

Mon a priori négatif tombe dès la première chanson, « Days » ; ce n’est plus le groupe que je croyais connaître que j’écoute. La prod est très très réussie, extrêmement parti pris et originale. Néanmoins, elle peut rappeler, de loin, celle de Phoenix, avec sa voix traitée et sa batterie bien sèche et boomy. La chanson en elle-même est objectivement un tube, et cerise sur le gâteau, on ne s’ennuie pas car les arrangements sont très bien construits. Cette magie qui opère sur le premier titre s’évapore malheureusement sur le deuxième « Let Go ». Le refrain se veut tubesque mais l’intention a tué l’action, à mon sens, même si la chanson reste bien sûr impactante et de bonne facture comme disent nos amis les DA. « L’aérotrain » arrive, à l’heure et se révèle être une excellente surprise, au point même qu’on peut se demander : mais pourquoi les Exsonvaldès ne chantent-ils pas en français depuis le début ? La chanson est personnelle, catchy, évidente (à voir, le beau clip qui va avec ; à voir aussi le clip fait maison de « Days », génial).

Le problème quand on fait d’aussi bonnes chansons, c’est qu’elles font passer en comparaison les suivantes pour de vulgaires « chansons honnêtes/ventre mou d’album ». C’est le cas pour la très Broken Social Scene Beach Housesque « Seahorses » et la funky dance floor « Action » qui, dans un album moins brillant que « Lights » seraient des titres phares. Tout est relatif….

« L’inertie » suit, trop naïf à mon goût, et ne transforme pas l’essai brillant en français de l’« Aérotrain » ; et me fait dire avec frustration que le meilleur de l’album est déjà passé.

Pauvre brebis égarée que je suis.

Car « Guns » déboule et là je tombe littéralement dans l’irrationnel. Rappelez-vous la scène de Ratatouille (merci les petites nièces qui servent d’alibi pour voir des dessins animés) où le critique gastronomique, plein de morgue et de certitude, daigne goûter une pauvre et simple ratatouille, servie chichement. A la première bouchée, c’est toute son enfance qui revient, toute l’émotion d’une cuisine goûteuse qui explose dans son palais et tous ses repères intellectuels qui disparaissent pour laisser place à l’émotion pure. Et bien « Guns » pour moi c’est ça (une bonne ratatouille !) : une plongée immédiate dans mes émotions d’enfance ! Tout à coup je me sens Atreyu chevauchant Falcor au son du « Never Ending Story » composé par Giorgio Moroder – flash, je me revois écouter le 45 tours de « Stay on these roads » d’Aha dans ma chambre d’enfant – re flash, je suis à l’arrière de la voiture de mes parents sur la route des vacances, bercé par « Voyage Voyage » de Désireless…

De quoi parle la chanson ? Aucune idée, je sais juste que ça y est, avec son « Guns », Exsonvaldes m’a tuer ; et j’ai juste envie de dire merci. Bon sang, j’irai les voir en live rien que pour entendre, que dire, vivre cette chanson et son refrain ultime. Et écouter avec joie leurs autres chansons bien entendu. C’est donc la larme à l’œil que j’écoute cette fin d’album qui offre encore un dernier bijou « On n’a rien vu venir ». Beau, beau, beau. A la 2ième écoute de l’album je finis d’être conquis, cueilli même car non, je n’ai rien vu venir.

Mais mon sens critique n’étant pas totalement anéanti, je m’interroge quand même sur la dernière chanson « Nineties », dont je ne comprends pas bien l’intérêt. Bref, mon bémol est anecdotique.

Je suis particulièrement sensible à tout le travail du groupe qu’on sent en filigrane sur cet album, à leur persévérance aussi, une force de caractère certaine face à l’adversité (les critiques, la course au label, que sais-je encore) et à ce véritable effort de remise en question. Bravo à Simon Beaudoux et ses acolytes pour ce chemin parcouru et pour le résultat obtenu ; espérons que cet album aura le retour qu’il mérite, c’est à dire celui d’un désormais très grand groupe.