Groupe tiraillé, Exsonvaldes ? Une possibilité schizophrénique à nouveau vérifiée sur ce quatrième album : colère difficilement domptable ou bien pop gentiment mélancolique ? Indie-rock ou synthés larmoyants ? La formation refuse de choisir. Hier comme aujourd’hui, plusieurs chemins s’offrent à Simon Beaudoux et à son gang, certains plus attractifs que d’autres.
Le choix du vocabulaire, particulièrement. On sait que la voix se modifie selon l’usage du français ou de l’anglais ; le premier induisant une mise à nue qu’il est parfois naturel de contredire par l’apport lyrique, le second permettant une assurance vindicative. Chez Exsonvaldes, la musique elle-même s’adapte au langage choisi : pop variété (ce n’est pas une injure) quand le chant s’en remet à l’hyper expressivité des mots bleus (blancs, rouges), post-punk parfois tendu lorsqu’il s’agit de tutoyer Luke Haines ou Morrissey. L’utilisation du français, sur Aranda, est ainsi parfaitement résumée via une phrase leitmotiv issue du titre « Cyclop » : « Si je ne suis pas encore fou, je souhaite le devenir ». Comme des chansons un peu sages (car trop commerciales) qui cherchent la déraison, une certaine fêlure, un point de basculement – que le groupe obtient sur le franco-hispanique « En Silencio », jouant du faux apaisement pour mieux révéler une mélancolie « daholescente » que l’on devine sincère. L’anglais, lui, permet à Exsonvaldes de composer plus dur, plus aguicheur, moins romantique. Protégé par la barrière du langage, Simon devient mystérieux, jamais loin du trouble… Paradoxalement, les parisiens résonnent intimes lorsqu’ils s’abritent derrière le paravent Shakespeare, et forcés lorsqu’ils convoquent Molière à la barre (comme si la peur de parler de soi avec visibilité les encourageait à la surinterprétation vocale).