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Dans le Rock indépendant, nous désaimons souvent des groupes pour deux raisons. Parce que ces groupes tant aimés, tant suivis tant qu’ils gardaient cette marque de noblesse de noblesse qu’est la confidentialité, perdaient de leur intérêt en devenant plus vendeurs, parfois plus lisses, plus Mainstream... Quid de Coldplay (par exemple) avec un premier album agréable et depuis devenus des VRP du Rock pour stades ?

Bed, collectif variable autour de Benoit Burello, ne rentre pas dans ce cas de figure.

La deuxième raison, c’est quand certains groupes décident de s’éloigner de leurs références premières et habituelles pour aller vers d’autres horizons. C’est malheureusement souvent un pari hasardeux qui fait qu’une bonne partie de leur public acquis ne suit pas ou n’adhère pas et s’éloigne avec un désintérêt poli de la discographie du groupe. Allez, avouons le une seule et petite fois, nous aimons les étiquettes et avons du mal à accepter de les voir bouger. Regardez tous ces noms de styles musicaux qui finissent par ne plus dire grand chose... Witch house et autre dubstep... C’est un peu ce qui s’est produit avec Bed...

Mais revenons 12 ans en arrière...

En 2001, sort "The Newton Plum", premier album du groupe qui convoque une sainte trinité sous le sceau de Mark Hollis, Robert Wyatt et David Sylvian.

Cette album sublime fourmille de merveilles qui n’ont pas fini de marquer une influence discrète et durable sur d’autres musiciens depuis comme par exemple, les projets de Jean-Sebastien Nouveau, Immune et Les Marquises... Ce même Jean-Sébastien Nouveau qui sort d’ailleurs ces jours -çi un EP sous l’identité de Colo Colo. Beaucoup sont restés envoûtés sous le charme boisé de "Moonlight", "Nightcap" ou "Whatnots".

"The Newton Plum" et son successeur "Spacebox" de 2003, furent deux œuvres de l’intime, du dialogue avec soi, à mi-chemin entre Windsor For The Derby et L’Altra... Deux oeuvres qui faisaient vœux pieux d’épures... Quelle mesure,quelles nuances dans ces pièces fragiles...

2005 voit la parution du bien-nommé "New Lines" qui divisera. Certains (dont je ne fais pas partie) seront déçus après une écoute peut -être trop rapide qui ne laisse pas sa chance à la nouvelle formule pour diffuser son emprise sur l’auditeur... Exit les décors extatiques, la sérénité douce et mélancolique... Exit le repli sur soi.... On a coupé la barbe (et la chique) à Robert Wyatt, Mark Hollis congédié et renvoyé à sa tanière.... D’univers intérieur on a décalé vers une envie extériorisation, de se confronter à l’autre. Avec "Newsprint", par exemple, morceau d’ouverture de "New Lines", on est plus proches des "The Sea And Cake" ou "Pinback" que des chantres d’une certaine épure...Nous sommes dans des jalons très Powerpop... On sent la démarche volontaire de Benoit Burello de faire voler les étiquettes, d’être dans du collectif, être une entité groupe, former un tout, Bed...

Des titres comme "Midsummer night song" n’auraient pas déroger sur les deux premiers albums.

Mais nous sommes parfois frileux au changement de cap... Malgré des critiques souvent positives, "New Lines " reste un album mal-aimé ou mal écouté pour lequel il serait temps d’accorder une vrai réévaluation.

Il fallut huit longues années pour voir surgir ce "Flowersongs" qui fait que vous êtes là à me lire. Ce "Flowersongs" comme "un petit galet posé dans la Pampa du Web" comme se plait à le dire Benoit Burello.

"Flowersongs" s’ouvre avec "Antofagasta", parfaite synthèse des deux périodes du groupe. Habile jeu d’équilibre de nuances éthérées avec cette voix haute et familière et cette volonté de jouer avec le rythme... Tout simplement tubesque !!!!

"Nickel On Steel" revient au meilleur de "New Lines" avec des références eighties plus appuyées qui s’assument.

"Kropotkin" me rappelle, je ne me l’explique pas le "Nanortalik" de Dominique A qui jouerait avec The Notwist.

"Echoes Of Love" est un bonheur de power-pop quand "Flowers in Japan" en fin d’EP calme le rythme avec une élégance rare, proche des vétérans Yo La Tengo

Le seul défaut de "Flowersongs", le fait que ce soit un EP 5 titres qui le place parmi les plus grandes réussites de cette année 2013 et replace Bed dans l’actualité d’un groupe en constante évolution qui refuse les étiquettes qui cloisonnent




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