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J’ai passé trois jours à chercher à qui cette voix me faisait penser...pour tomber sur Will Johnson, particulièrement dans l’album avec Jason Molina. Et au final je le réécoute et la ressemblance n’est pas du tout flagrante.

Là vous vous dîtes mais qu’est-ce que c’est que cette introduction ??? Et bien sachez que par souvent il nous arrive (c’est une maladie de chroniqueur) de jouer les serveurs dans nos têtes, à lier les choses, construire des histoires, faire de l’hypertexte, bien souvent en vain. Car le chanteur d’Odds & Ends ne ressemble à personne tout en me faisant penser à une galerie de voix. En ça, son timbre est excellent, et l’utilisation qu’il en fait en est à la hauteur. Un vrai chanteur, et vous savez quelle importance j’attache à cet élément.

"The first light of dawn" est une des meilleures et plus belles entrées en matière que j’ai eu l’occasion d’écouter avec cet orgue cérémonieux et ces voix qui s’additionnent autour du timbre chaud. Un tas d’images me viennent en tête, comme une rencontre entre Eddie Vedder et Micah P.Hinson par ex. "Forever free" nous lance un folk-rock orchestral excellent, avec ce petit grain de saturation pour en rendre les contours rugueux tandis que les arrangements (somptueux et très complets) viennent apporter une clarté à l’ambiance. Les fins de couplets sont de véritables libérations, le rythme file, c’est beau comme une envolée de colombes. Il y a aussi un peu de Sufjan Stevens dans ce talent à convier les arrangements.

"Handsomeness" a tout du bel air bucolique, avec un parfait entrelacement de voix masculin/féminin. L’esprit tranquille me renvoie à "Lie down in the light" de Bonnie ’Prince’ Billy. Le son de guitare est juste grésillant comme il faut. Et oui ce disque réveille en moi beaucoup de choses, à la fois l’amateur auditeur, mais aussi le guitariste, donc coup double. Je me le mets et je joue dessus, bonheur ! "Dichotomy" fera l’unanimité, il y a encore un petit quelque chose qui me fait penser au premier album de Micah P.Hinson dans l’esprit. Et ces chœurs, cet orgue, tout participe encore à un titre magique. Peut être que ce que j’aime au dessus de tout c’est cette impression de flou à l’écoute du disque. Pourtant évident de prime abord, il résiste quasi paradoxalement à l’exercice de la comparaison...On ne peut pourtant pas dire qu’il révolutionne quoique ce soit. Mais l’interprétation est si personnelle, le son aussi, que je ne saurais le confondre ou le mettre à côté d’un autre. On peut le classer dans un genre, mais pas l’y réduire.

Mathieu Gueros a eu le nez fin en choisissant ceux qui l’entoure, que ce soit Maud (une voix lumineuse) ou Karim dont la batterie sait percuter, appuyer ou souligner le trait quand l’humeur du morceau le demande. La magnifique fin instrumentale de "Sweet Late-night Ride" vous convaincra.

Au final, après m’être trituré les boyaux de la tête, et après avec interrogé l’intéressé lui-même (démarche dont je suis peu fier...), j’en ai conclu que sa voix est une sorte de croisement entre Bill Callahan et E (Eels). D’ailleurs certains morceaux partagent l’étrange lumière qu’on rencontrait par moment sur l’incontournable "Beautiful Freak". Et le son me rappelle parfois cet album de Mark Lanegan qui hante mes nuits depuis sa sortie : "Blues Funeral". Même la bannière de leur bandcamp m’y fait penser. Voilà je suis content, même si ça ne sert pas à grand chose, encore moins à illustrer le disque, mais bon...comment me guérir ?

Bref, je fais une mention spéciale pour "Dear Antlers", le genre de titre qu’on retrouverait parfaitement en ouverture de film avec son couplet débordant qui semble s’ouvrir comme le feraient de concert les fleurs d’un immense champ bordant le paradis. Et peut être qu’avec "Far from home" au titre raccord, on y entre dans ce paradis, à l’aide de ces voix si célestes. Mais toute bonne chose a une fin, et "Between darkness and light" nous aide à redescendre de cet album en toute simplicité, comme si nous avions fait un voyage dans un univers très peuplé mais que seul un gardien puisse vous conduire à la sortie, dans notre entre deux mondes. Il nous restera la pochette (superbe) pour nous souvenir du voyage.




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