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A vrai dire, on connait les tullistes de NOVO depuis pas mal d’années. Ce fut d’abord une époustouflante prestation live durant l’un des fameux Barathon qui animent cette ville monstrueusement rock (impossible de séjourner à Tulle sans rentrer ivre mort au petit matin), et puis des rencontres au hasard, des festivals et des concerts partagés… Avec le temps pourtant, ce premier album semblait rejoindre la promesse des attentes sans lendemains (qui chantent). Lassitude des compositeurs ? Obligations familiales ? Perte de la soif et de l’envie d’en découdre ? Déjà, Carlo Sound (le plus réputé des groupes tullistes), quelques années auparavant, avait jeté l’éponge après un premier LP trop produit. La poisse accable-t-elle les principaux héros tullistes (on se souvient d’un Festival de Sédières où NOVO, à défaut du prix escompté – du fric pour enregistrer un premier album – avait dû se contenter d’une guitare électrique de merde) ? Faut croire que non puisque, en ce triste mois de septembre, débarque enfin dans notre boite mail ce foutu attendu premier album ; un disque que l’on désespère d’écouter depuis… six, sept ans ?

Crash, clash, aucune compromission : le trio balance ici la puissance de ses prestations scéniques, c’est-à-dire du post-rock mélodique, du Sonic Youth revendiquant la tristesse The Smiths, des décharges et des accalmies, New-York et Manchester sis capitale tulliste, Haut Les Badges en arbitre du sprint, The Rev’ à envahir, Vertigo L’Emission Rock en chaleur. Extase !

Gros son, bon son, grandes chansons : NOVO s’autorise la frénésie des montagnes russes mais garde en mémoire le doux parfum de l’inexplicable tristesse. Trop d’années à écouter Morrissey et Ian Curtis ? Peut-être… Car ici, les grattes ont beau rugir comme si elles sortaient de six années de cachot involontaire, on devine la colère du condamné, l’envie de tout dire, tout balancer. Comme si NOVO, avec « Vega », avait décidé d’enregistrer une pierre tombale, une naissance et un décès en même temps, une marque définitive nimbée de ce baume au cœur qui aide à ne pas trop se projeter dans l’avenir.

Qu’importe finalement que « Vega » végète orphelin (on ne l’espère évidemment pas), « y a une route » comme chantait Manset. Et là, cette route (noise & rock), NOVO la traite avec suffisamment d’élégance pour réussir, tel Acetate Zero hier, à jongler un peu solitaire entre le fuzz américain et l’indie-pop from Manchester. Sans frime ni dopant, « Vega » semble également posséder un poids d’avance sur les prochaines tendances rock françaises : lorsque le martelage cold-wave et post-punk touchera à sa fin (mais les excellents Von Pariahs ne viennent-ils pas de sonner le glas du genre avec le définitif « Hidden Tensions » ?), ce sera vers ce genre de rock downtempo, machinal mais porté sur les sentiments, que la France se tournera afin de remettre les compteurs à zéro. Il ne faudra alors pas oublier des ouvriers de l’ombre tels que NOVO. Car on le sait : les précurseurs se font spolier par des chenapans qui exploitent en version light l’honnêteté issue de l’underground…Routine et habitude des groupes autoproduits, certes.




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