> Critiques > Labellisés



Chronique tardive pour un disque que nous avons longtemps laissé tourner sur la platine, pour ne pas écrire de conneries, pour être certain d’un jugement tout aussi lapidaire que douloureux : le nouveau Sebadoh est un mauvais disque. Point barre. Evidemment, rien n’empêche les fans de Lou Barlow que nous sommes de poliment oublier cet embarrassant « Defend Yourself », de ne jurer que par les séminaux « Smash Your Head on the Punk Rock » ou « Bubble & Scrape » et d’admettre que même les plus grands peuvent finir par perdre la muse… Sauf que voila : nous parlons de Lou Barlow, un génie que nous prédestinions à suivre le même parcours que Neil Young (autrement-dit : capable, à soixante-dix balais, de sortir un putain de chef-d’œuvre bruitiste) – j’avoue, depuis toujours, avoir plus de mal à apprécier les compositions trop gueulardes de Jason Loewenstein.

Il y a donc notre amour pour Sebadoh, et puis ce nouvel album dont nous ne savons que faire. Des amis musiciens ayant récemment vu Lou & Jason en concert me le confirmèrent : dorénavant, c’est sur scène que la paire excelle ; c’est sur scène que notre éternelle allégeance sebadienne trouvera récompense. Soit. Pourtant, « Defend Yourself » ne possède rien de bien choquant : la voix de Lou est toujours aussi apaisante, quelques mélodies agrippent l’oreille (entendons-nous bien : il s’agit d’une chronique sur le dernier Sebadoh et non pas sur, que sais-je ?, Placebo ou autres conneries), l’éternelle adolescence se ressent toujours et toujours… Non, ce qui dérange, ce qui empêche d’adhérer au Sebadoh 2013 pourrait tenir en une impression simple mais commode : le groupe joue trop mécanique, trop carré (du moins, sur disque). Manque aujourd’hui cette incroyable sensation spectorienne qui transformait des brulots punk-rock en chefs-d’œuvre de cinémascope. « Defend Yourself », ce sont des chansons pleines de promesses mais qui, écoutes après écoutes, ne veulent pas venir, refusent aux fans l’évidence mélodique propre à Sebadoh. Ce sont des ébauches, des brouillons.

En même temps, il est facile de comprendre, et d’admettre, l’enthousiasme de certains pour le nouveau Sebadoh : la fibre nostalgique titille l’auditeur, Lou Barlow est un merveilleux chanteur, il est trop difficile de brûler les fétiches. Pas de méprise : l’auteur de ces lignes continuera d’acheter, aveuglément peut-être, toutes les prochaines sorties de Lou Barlow. Egalement : un petit Sebadoh ne veut pas dire que le prochain ne pourra atteindre de nouveaux sommets. Il ne s’agit pas d’une mise à mort, loin de là. Juste le billet d’un accro qui, cette année, n’a pas reçu la dose espérée. Rien d’alarmant…




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.