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Voilà déjà plusieurs semaines que je m’infuse comme une drogue dure le deuxième album d’A Lucky Pilot, « Obtuse ». Une musique parfaite pour l’insomniaque que je suis : cajoleuse mais triste, réconfortante mais alanguie, rêveuse mais plombée par dieu sait quelle réalité… Une musique qu’il est bon d’écouter aux alentours de trois ou cinq heures du matin, lorsque les nuits sont trop longues, lorsque le sommeil nous fait défaut… Traquant les ambiances, jouant sur les textures, A Lucky Pilot évoque une rencontre maussade entre Red House Painters et Slint : la voix se traine, les guitares se limitent à l’essentiel, les chansons finissent decrescendo, le silence entre chaque note possède parfois plus d’importance que la note-même… Pourtant, il y a, sur « Obtuse », une manière de réconfort. Sans doute car Bruno De Bona canalise cette électricité qui ne demande qu’à jaillir en rafales, sans doute car la beauté des harmonies lui permet de moins tendre vers la tristesse que vers l’émouvante résignation. Sur ce point, un titre tel que « From A Point » s’apparente au meilleur antidépresseur disponible sur le marché : sur cinq minutes élégiaques, Bruno De Bona fusionne l’acoustique à un synthé tortueux avant d’achever la pièce par une douce embardée électrique façon I Love You But I’ve Chosen Darkness (avec au centre, mais peut-être a-t-on rêvé, une référence à « I Wanna Be Your Dog »).

Le plus beau d’ « Obtuse » se trouve probablement dans cette impression : celle d’une musique, quand bien même aussi dark peut-elle être, qui refuse d’agresser l’auditeur, qui propose de la luminosité derrière ses apparats mélancoliques… Du coup, disant cela, facile de mieux comprendre l’attraction qu’exerce sur nous l’album d’A Lucky Pilot : elle éveille les pensées sombres en même temps qu’elle nous offre des solutions, un apaisement salutaire… Grand disque seul et solitaire.




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