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On a coutume d’appeler la musique dite populaire de soupe, ou pour faire chic et un rien snob, de dire que cette musique est mainstream . Avec une condescendance qui n’a d’égal que la vacuité d’un discours lénifiant de la droite extrême qui rampe dans un média à sa botte, nous passons à côté d’un pan musical avec un snobisme qui ne fait qu’aggraver nos cas de replis sur nous même. Bon là j’ai perdu trois lecteurs et le quatrième s’est suicidé. Mais pourquoi mettons nous un mouchoir pudique sur des envies que nous aurions d’écouter de la pop très populaire, ces fameuses chansons qui rentrent dans vos têtes sans que vous n’ayez jamais eu la moindre velléité de mettre ce dit disque, cette chanson, celle ci vous arrivant via les radios périphériques diffusées dans les grandes surfaces ou chez tatie Jeanine, ou encore dans les mariages, quand ceux ci ne sont pas aussi froid et austère que ces sapins de Noël pour couple sans enfant, qui ne voudraient pas faire peuple en mettant des guirlandes et des boules de toutes les couleurs.

Alors Cheveu est arrivé sur la dite soupe, le groupe signant les titres les plus collant de l’année avec un sourire presque machiavélique. Car si les habitués de la pop dite mainstream (je ne voudrais pas désorienté les petits couples bourgeois assis sur leurs certitudes bohêmes) ne viendront pas à Cheveu sans l’aide d’un ami qui ne fait pas dans le rapprochement des peuples musicaux, les petits marquis de la bonne conscience indé doivent s’étrangler pour ne pas avouer le plaisir presque primaire et totalement populaire de reprendre « Polonia » « Albinos » ou encore le déjà culte « Madame Pompidou » (accompagner sa fille de 5 ans à l’école alors que celle ci chante ce morceau c’est une expérience, loin des salons guindés)

« Bum » est un coup de pied monumentale dans la fourmilière indé par le biais d’une pop complètement décomplexée et trempée dans un punk rock qui ne tient pas en place. Voix grave et presque maniéré (Slap and Shot), textes ravageurs où la première lecture fera vite place à une seconde peut être moins hilarante plus glaçante, moment presque de grâce quand des chœurs viennent appuyer des refrains qui partent haut, véritable science du refrain addictif avec le gimmick qui vous reste dans la tête pendant des jours (Juan in a Million) et des jours.

« Bum » restera comme un disque important (d’une certaine manière le disque le plus important de l’année), une passerelle chaotique, un coup de canif dans tout avec le sourire presque sadique d’un Richard D. James en nain dans ses clips malades. Aucun cynisme ici, un plaisir évident, une bombe à fragmentation qui devrait si les écoutilles acceptaient la différences, rentrer chez tout le monde, pour un plaisir total. Sans renier son côté The Fall, Cheveu fait chuter les murs, pilonnent les certitudes, arrive à mélanger sans que la moindre identité ne soit pour autant perdue. Indispensable Cheveu sur notre époque. Magistrale.




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