Rencontre pas si incongrue entre les Sparks et Franz Ferdinand. Les deux formations, au-delà de leur amour commun pour une pop franche et directe ainsi que pour une disco puriste, partagent chacune un sens du music-hall, de l’extravagance et du pétillant limite dégoulinant. Restait à savoir comment un groupe toujours porté sur l’excellence (Sparks) allait-il fusionner avec des Franz en perte sèche d’inspiration depuis maintenant longtemps… Le résultat, disons-le franco, est une suite de hits en puissance. En ouverture, « Johnny Delusional », « Call Girl » et « Dictator’s Son » mettent KO : portées par des refrains bien putes comme on les adore, les voix de Russel et Alex s’assemblent de telle façon qu’il est bien difficile d’affirmer qui, de l’un ou l’autre, vampirise le partenaire. Et soudain, en quatrième position, « Little Guy From The Suburbs » renvoie au meilleur des Pet Shop Boys (autrement-dit : titre à chérir). Par la suite, l’album tient la fibre haute jusqu’au bout, avec notamment quelques monuments (« Things I Won’t Get », entre Specials et Blur – l’un des meilleurs trucs entendus cette année).
Comme toujours chez les Sparks, le grandiloquent reste à hauteur humaine. Pas de boursouflure dans les inclinaisons, absence complète de Freddie Mercury (nous parlons bien des frères Mael – que les fans de Muse dégagent, SVP). Comme un retour salutaire, les Franz bazardent envie de plaire et album-concept pour viser liberté et franc sourire (nous parlons bien des auteurs de « Take Me Out »). Il est peut-être demandé de vouer allégeance aux Sparks plutôt qu’aux Franz afin de pleinement apprécier cet album à ranger entre Soft Cell, Neil Tennant et Liza Minnelli, mais que de bonheur pour les admirateurs de Ron & Russel (et pour les fans originels d’Alex Kapranos) ! Manque juste, pour chipoter, la visite éclaire de Catherine Ringer – façon de souligner l’absence d’un Fred Chichin qui aurait trouvé ici un formidable terrain de jeu et d’entente, hilare derrière ses grattes et consoles… Car dans cet album enthousiaste et vivant, un esprit plane en cachette : celui de Fred.