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Toujours un plaisir de recevoir des nouvelles d’une formation hier défendue au hasard des belles rencontres. En 2013, l’inaugural EP des Lorrains Sun Express (Jeopardize) touchait la corde sensible du féru post new wave : synthés mélodiques, chœurs sincères, guitares papillonnantes… Et puis, difficile d’oublier un titre aussi fédérateur que « Strawberry Field », hymne intimiste à l’exubérance parfaitement domptée. A l’heure du premier album, le groupe reste fidèle à ses passions (le lyrisme, les machines qui pleurent, l’indie-pop) ; mais deux années ont passé, suffisant pour porter plus haut, plus loin, des promesses aujourd’hui confirmées. Julian (batterie) : « Les retours sur ce premier EP furent surprenants ! Nous avions pris le temps de le faire et d’y réfléchir. Au final, nous étions heureux de voir que notre CD plaisait, que tout le temps passé en studio avait servi à quelque chose, et cela nous a motivés pour la suite… Mais, pour être honnêtes, nous ne pensions pas encore à un album quand l’EP est sorti. Il s’agissait d’un « entraînement » : nous avons pu jauger la difficulté et anticiper certaines choses. » Sun Express possédait-il une vision globale, voire certaines références, au moment de se lancer dans Heartlight ? « Oui, poursuit Julian, nous détenions cinq morceaux que nous jouions en concert et quelques idées que nous voulions enregistrer. Nous composâmes donc cinq autres morceaux en studio. Il ne fallait pas suivre un filon bien défini pour au contraire conserver ce qui sortait sur le moment, ensuite nous gardions ou jetions certaines idées. » Ben (guitare, chant, clavier) confirme : « Je me souviens avoir enregistré un riff stoner avec Tom que nous n’avons finalement pas gardé ; mais c’est pour dire ! Nous souhaitions nous faire plaisir. »

Heartlight, plus encore que Jeopardize, dévoile une palette sonore à la limite de la méticuleuse obsession, du perfectionnisme maladif. Comment Sun Express gère-t-il le processus d’écriture puis d’enregistrement ? Julian : « Après l’écriture des cinq premiers titres, nous avons un peu bloqué ; aller au bout des morceaux s’apparentait à une difficulté... Puis un déclic venu de nulle part est arrivé. Nous enregistrions dès qu’une idée intervenait, et nous construisions le morceau petit à petit. L’intro de « Welcome », par exemple, provient du riff de guitare et de basse qu’on retrouve aujourd’hui au début de celui-ci, et le synthé de clôture du morceau avait déjà été enregistré – un vrai puzzle ! Tout s’est fait ensuite au mixage : nous voulions, sur certains titres, que des parties ressortent plus que d’autres, que des compos précises soient mieux produites. Les synthés furent modelés et remodelés pour obtenir le résultat escompté… Notre ingé son, Jérémy Borowski, nous a aidé à mettre le doigt sur les sonorités recherchées. » D’où la sensation que Jeopardize contenait des formes musicales maintenant développées sur le format long : « Oui, tout à fait. C’est peut-être notre signature : les synthés, les chœurs, etc. »

Remontons aux origines du groupe. Ben : « Julian et moi avons commencé fin 2010 dans la chambre de celui-ci. A l’époque, nous faisions de la musique pour s’amuser, se défouler… Puis des idées de compos sont apparues et nous réussîmes à les mettre en musique. Cela nous plaisait de jouer ces morceaux et d’écrire, encore et encore. Nous nous sommes donc lancés ! Tom nous a ensuite rejoint à la basse. » Des artistes ont-ils particulièrement marqué Sun Express ? Ben : « Supertramp est un des groupes qui m’a le plus marqué car j’ai grandi avec, j’ai toujours aimé leurs albums, Rodger Hodson et Rick Davies étaient faits pour jouer ensemble. Ensuite, je dirais Russel Lissack de Bloc Party qui est mon guitariste préféré. Puis, pour finir, Sigur Rós, leur musique dégage toujours quelque chose d’étrange et mystérieux. » Tom (basse, chant) : « Dallas Green, chanteur de City and Colour et guitariste des Alexisonfire ; les Wombats avec leur premier album – A Guide to Love, Loss and Desperation – qui tournait et tourne toujours en boucle. Puis Foals, Holy Fire étant mon préféré. » Julian : « Matt Tong, l’excellent batteur de Bloc Party ; Matt Helders des Arctic Monkeys. Comme groupe, Phoenix... » Des passions récentes ? Ben : « J’ai un petit coup de cœur pour le dernier album de Mystery Jets, Curve of the Earth. Ou le Destroyer, Poison Season. J’attends avec impatience le prochain Bloc Party, malgré le changement de line-up (NDLA : l’interview fut réalisée avant la sortie de Hymns), ainsi que le nouveau 1975. » Tom : « Beartooth, le dernier opus de Drake et Future. » Julian : « Last Dinosaurs (Wellness), Kings Of Leon (Mechanical Bull), A$AP Rocky (At.Long.Last.ASAP). »

Pour conclure, on questionne les membres de Sun Express sur leur rapport à l’autoproduction ; c’est-à-dire, bien souvent, une difficulté à se faire entendre dans le flot ininterrompu des sorties. Julian : « Ce n’est pas toujours simple. Il faut une bonne communication en amont, avoir un « truc » que les autres n’ont pas et c’est difficile. Pour nous, le disque, qu’il soit un CD ou bien un vinyle, reste sacré ; il porte l’esprit et l’univers du groupe ainsi qu’une qualité audio non égalée par le digital. Nous ne sommes forcément pas atteints par la baisse des ventes de disques car nous les produisons et les vendons nous-mêmes lors des concerts. Cependant, nous constatons que la vente digitale est plus fréquente que la vente physique ; ce qui est hélas bien dommage… »

Merci à Ben, Julian et Tom




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