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Évidence depuis le premier Frantic paru en 2007 : François-Olivier Nolorgues est un grand mélodiste porteur d’un sacré trouble obsessionnel, d’une incurable maladie que nous partageons avec lui, main dans la main, ad vitam aeternam : les années 80, de préférence synth-pop, regorgeaient de finesses, de velours, d’un romantisme qui modifia, qui façonna, de nombreuses existences adolescentes.

Car Frantic, lors de ses deux premiers albums, outre le fait d’avoir anticipé le revival 80’s, avait tout compris de cette décennie : la technologie n’est là que pour servir les plus belles des compositions, les refrains parmi les plus déchirants, des paroles extirpées du chagrin ou de la passion… Et c’est peu dire que François-Olivier savait y faire ! Chez lui, inversement à beaucoup d’opportunistes se contentant d’une sonorité archétypale mais oubliant la « mélodie qui tue », les chansons jamais ne se perçurent « à la manière de ». Jamais Frantic ne donna la sensation de composer autrement qu’avec son cœur et ses tripes. Toujours écrivit-il avec une élégance finalement très rare, très intime, souvent bouleversante.

Logique ainsi à retrouver aujourd’hui François-Olivier non pas dans les habits d’un fan admiratif, mais dans ceux, bien plus intéressants, d’un révérend de la cause 80’s. Recital n’est pas un album de reprises : c’est une réappropriation qui entend, à juste raison, dénuder, saisir l’essence, l’immortalité mélodique de chansons telles qu’“Eyes Without a Face” (Billy Idol), “Never Let Me Down” (Bowie), “This Is the Day” (The The, grand fétiche de François-Olivier) ou l’inusable “Johnny And Mary” (avec Robert Palmer en featuring, quand même)…

En se focalisant quasi essentiellement sur le binôme piano-voix, Frantic accentue l’extrême mélancolie, l’insondable tristesse des titres choisis. Il y a, quelque part, une forme de revendication dans cet album : « oui, vous pouvez verser une larme en écoutant du Billy Idol, car l’original est magnifique, mais peut-être l’aviez-vous mal écouté », semble nous dire François-Olivier.

Mélancolie, donc nostalgie. Recital est un disque dont la splendeur provient également d’une époque lointaine, époque féérique, quand le monde croyait encore en son avenir et en l’égalité pour tous. La distance (de songwriter) qu’opère en 2020 (pas la meilleure année du monde) François-Olivier explicite tout un changement de mentalités, d’attitudes, d’existences humaines. Recital est notre Paradis Perdu, le souvenir d’une décennie que nous aimerions bien retrouver (sans espoir). Recital permet de s’extraire de 2020, de penser à autre chose, d’imaginer que la beauté du disque pourrait servir de conseils à tous, de mise en garde.

Je connais beaucoup de musiciennes et musiciens parmi les plus intègres, combatifs, valeureux, tout simplement admirables pour cette foi en leur nécessité de création – malgré les galères, l’incompréhension, la dèche financière, le snobisme des journaux et des salles de concert. Je n’ai jamais rencontré François-Olivier Nolorgues (un jour ?), mais, depuis le premier album de Frantic, je sais qu’il fait partie… des gens biens, des belles personnes. Sa discographie parle pour lui.




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