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Une création musicale commandée pour accompagner un film, une expo ou une performance peut-elle survivre sans son support originel ?

Surtout quand à la base de cette création, il y avait la recherche d’un équilibre entre une narration et une abstraction, entre des concepts ambitieux et des émotions viscérales.

Le nouvel album de Jan Jelinek, The Raw and The Cooked, est à la base une composition écrite pour une pièce radiophonique commandée par la chaîne publique allemande SWR2.

Pour ces morceaux, Jan Jelinek, a donc échangé les samples de jazz et de synthés analogiques contre des enregistrements des plasticiens Thomas et Renée Rapedius, découpant et assemblant du papier et du métal pendant que l’artiste Peter Granser préparait du thé en observant strictement le rituel japonais.

On est donc assez loin de l’univers sonore de mon pot de départ de la start up d’agrafes connectées, ce qui tombe très bien car les samples de pétillement de mousseux dans les gobelets en carton (recyclables) n’auraient peut-être pas eu la même puissance évocatrice que les échantillons sonores utilisés ici par Jelinek.

C’est donc un album franchement fascinant et difficile. Un album de musique concrète où les sons du quotidien remplacent les samples plus ou moins groovy de la techno qui aime la poussière.

Mais cette difficulté d’écoute se dompte finalement assez facilement.

Car, entre nous, qui ne s’est jamais laissé bercer par le ronronnement d’un frigo, d’un sèche-linge ou d’une brosse à dent électrique ? Qui n’a jamais remplacé le solo de trompette de l’été indien de Joe Dassin par un grincement de vieille porte ?

Et si la musique concrète, cette science de la hiérarchisation sonore, n’était pas dans un sens le versant le plus pop de la techno la plus aride ?

C’est cette rencontre entre l’hyper radicalité du geste musicale et l’ubiquité quotidienne des sons partagés qui rend The Raw and The Cooked si fascinant, mais c’est le sens du groove et de la dynamique de l’architecte sonore qui en fait un disque aussi réussi et finalement accessible à un auditoire curieux et à la recherche de paysages sonores inédits.

Alors, une création musicale commandée pour accompagner un film, une expo ou une performance peut-elle survivre sans son support originel ? Natürlich.








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