Premier EP d’une série de deux, ce « Ayiti Kongo Dub #1 » est une plongée hypnotique dans un Haïti shamanique, tout aussi grisant que terrifiant, nous faisant le même effet que les passages sonores tirés du Tarzan de W. S. Van Dyke, magnifié par le noir et blanc de l’époque, nous éloignant même de notre préjugé quand nous prenions conscience que les acteurs jouaient devant un écran sur lequel était diffusé des films d’un ethnologue de l’époque. Ici Chouk Bwa & The Angstromers font du modernisme en se plongeant dans le style kongo avec ses rythmes Mambo, Anmin et Kongo Payèt, joués avec deux tambours et basés sur une pulsation qui n’est pas soumise à une mesure. Il se dégage quelque chose qui s’apparente à la transe, alliant cette base presque binaire, mais totalement addictive à un traitement dub, filtre amenant tout à la fois ce style dans le 21 éme siècle, tout en lui conférant une teinte sépia. Les trois titres semblent distendre le temps, dupliquant les secondes presque à l’infini, enlevant des dixièmes pour mieux maîtriser le temps sa guise, notamment sur l’impressionnant « Vini Wè M » véritable transposition et changement d’environnement, nous projetant entre le Congo et Haïti, nous ballottant entre notre froideur pragmatique occidentale et la recherche des esprits d’un hémisphère sud aux aguets des espérances séculaires. Disque Hypno-mystique. Décapant.