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En décembre 2022, nous évoquions avec admiration The Light, EP de Charlie Risso dont la qualité plastique tout autant qu’esthétique lui aurait ouvert les portes du Roadhouse de la série Twin Peaks, qui vit passer des artistes telles que Julee Cruise, Sharon Van Etten et Au Revoir Simone. Un peu plus tard, la chanson Into the Forest littéralement illuminait le volume 60 de nos compilations, je m’en souviens avec un plaisir qui encore aujourd’hui perdure : mélopée bordée d’arpèges tendus, noyée de réverbération et de delay, la tension monte tandis que la voix se délie, une merveille, au cœur d’un hiver 2023 assez merdique. Si Charlie Risso avait en 2016 autoproduit un premier album (Ruins of Memories), suivi de Tornado en 2020, la Génoise met cette fois les petits plats dans les grands, en signant avec le label berlinois T3 Records, maison mère de l’australien Tim Mc Millan. Il était temps, tant l’œuvre de Carlotta Risso, petite nièce du compositeur italien Tito Fontana, mérite que l’on s’y attarde. D’emblée, Alive en impose : ambiance cotonneuse, minimalisme aventureux et mélodie ample, portée par un chant éthéré et néanmoins organique, entre London Grammar et Dolores O’Riordan. Sur le munificent The Wolf, en compagnie de l’australien Hugo Race, Carlotta rejoue les duos mythiques de la pop moderne (on pense évidemment à Nick Cave et PJ Harvey), une vraie réussite, nimbée de banjo et de violons baroques. En dix titres à la production organique, Charlie Risso évoque tout autant une Lana Del Rey électronique (Railroad) que l’Isobel Campbell de Amorino (The Bench), mais ici les ballades ne sont point un viatique : l’ambitieux Burning the Ashes ferait fureur dans un stade conquis par les rythmiques tribales et les mélopées remuantes, tandis que le pesant Good Track se pare de sonorités dissonantes et de violons klezmer. Charlie Risso est passionnante jusque dans ses velléités mainstream : Keep the Distance en est l’illustration, la chanson part de loin, du fond du mono avant d’agripper au passage des sonorités synthétiques, tout se désarticule jusqu’à l’arrivée de la basse et des refrains, et la répétition se fait mantra. Le dantesque et conclusif Time, entre kermesse maudite, Broadway et post-rock, dessine le portrait d’une sorcière avisée, à la voix agile et envoûtante, qui entre Gênes et Londres patiemment tisse sa toile : nous voilà pris au piège, mais hors de question de se débattre.




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