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Si il y a bien une marotte qui me colle au basque et souvent à mes chroniques, c’est celle du temps qui passe. Peur de la mort, mais surtout de l’immaîtrisable ou tout simplement reflet réel de la production musicale contemporaine qui se pose plus de question sur son existence que les yéyés ou encore pire les enfants du top 50. Cela tombe bien le titre de l’album de Tycho Brahé est justement « Le Temps Qui Passe ». Du pain béni pouvais je me dire, sauf que le disque est justement tout sauf une sinécure à chroniquer, une forme de bric à brac impressionnant de variété. Hasard de la programmation cinématographique télévisuelle, la seule consultable quand on habite à la campagne, je suis tombé sur le « Into The Wild » de Sean Penn peut de temps avant de placer des mots sur ces morceaux, et le disque m’a fait penser au film, et l’inverse. On y souffre, on aime, on cajole, mais surtout on cherche la liberté, prenant les accidents comme des expériences plus riches qu’une liasse de billets, piochant sur ce qui n’a pas d’acte de propriété sur le dos, ne possédant jamais rien, sauf sa liberté. « Le Temps Qui Passe » est un disque libre, loin de la cruauté ou alors avec l’antidote à celle ci dans les cordes (La Distance aux Choses…). Si l’acoustique est omni présente sur le disque, elle se laisse distraire par un gri-gri électronique, ou par une présence féminine (La Parade des Souris…) reléguant la forme de vulgarité que peut être la vie en marge, au rang de simple passage à l’acte d’un idéal pas bien maitrisé. La maitrise c’est pourtant ce qui colle à ce disque, comme si Pascal Comelade démontait pierre par Pierre une œuvre de Gaudi pour en faire un mausolée à la beauté avec comme gardien du temple un Jean Bart sorti de son bunker (Sortir de l’Hiver). Si il est difficile de synthétiser en un mot le disque, on ne peut que vous suggérer de partir en forêt, d’ouvrir une fenêtre et de laisser le temps, pour le coup, vous jouer des tours. Tycho Brahé sauve du temps emporté par le torrent dans lequel il finirait par nous perdre. Des vies de gagnées.