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N’est ce pas une provocation que de donner au nom de son album, le nom d’une denrée qui se fait de plus en plus rare, dans sa forme la plus sinistre, celle rémunératrice. Car le travail n’est pas que cette immersion journalière dans une forme de soumission obligatoire dans une vie régie par les échanges monétaires. La travail, celui de La Terre Tremble par exemple est celui qui de la distraction, de l’épanouissement personnel, de la création pour ce qu’elle doit être, une bouffée d’oxygène en attendant la mort. « Travail » est plus qu’une bouée, c’est un pallier salvateur, un acte de vie simple, mais difficile à la fois, prenant ses racines dans une musique plus étrange que les autres. Si la graine est post rockienne, croisement entre Tortoise et Gastr Del Sol, l’engrais est plus sujet à supputation, et la brigade des stupéfiants pourra toujours se creuse la tête pour trouver la substance qui a engendré « Markov Chain », car on ne peu décemment écrire un tel titre, sans s’échapper du quotidien et ses fenêtres anti suicide. Sans management sclérosant et brisant le cou et la dignité, l’écriture du disque semble s’être fait sous l’égide de la liberté, et de l’esprit qui emplissait le studio d’enregistrement, l’esprit d’équipe, le véritable, pas celui primé au festival des faux cul. Dans le fracas de ce tremblement de terre, tout est noyé dans une lave qui prend soin de ne pas faire fondre, de juste coller, et de réaliser un train interminable, et toujours immergé, pour garder le cerveau oxygéné, et donc réactif. Acoustique, lourd, électrique, répétitif, dévorant, grandiloquant (« Toursim Map » est peut être le titre de l’année)…. « Travail » est une feuille de route incroyable pour quitter le monde invivable du travail, celui de la destruction. Grand disque.