TOP 2011
Je vais pas déroger à la régle, en proposant, peut être pas les meilleures disques de l’année, mais assurément ceux que j’ai le plus écoutés. Il restait à en limiter le nombre. Une belle année 2011, de belles découvertes, un concept des HS des compilations ADA qui séduit de plus en plus, et puis des petits bonheurs comme celui de tenir entre ses mains un disque de Pumuckl.
1. WU LYF - Go tell fire to the mountain
Merci pour éviter à notre propre rage de sortir violement. Merci d’exorciser ce mal être dans l’histoire pour en faire une danse violente, belle, adolescente. Merci de m’avoir permis de rester debout, d’avoir fait de cette bave aux lèvres le point de départ d’un fleuve. Wu Lyf est une claque que l’on se souhaite adolescent, et qui nous fait regretter cette période si éloignée de nos 40 ans. Mais il n’empêche qu’après 3mn43 de LYF l’âge est transformé, la libération est belle, elle a la tête d’une terre de feu, débarrassée de sa vermine, prête à enfanter à nouveau. Grand, très grand disque, loin de l’imagerie parfois épouvantable des premiers articles dans la presse, WU LYF est un hymne à la vie, un hymne hurlé, avec la peau sur les os, mais le cœur traversé d’un poing provoquant le ciel.
2. STRANDED HORSES - Humbling tides
Il y a la fureur de Wu Lyf pour éviter la surchauffe, il y a eu les chansons de Yann Tambour pour s’offrir le droit de toucher les étoiles. Disque magnifique de bout en bout (j’avais déjà beaucoup pleuré en écoutant les Smiths, peut être pas autant qu’en écoutant cette reprise de « What Difference Does It Make ») Désormais loin d’Encre, Yann Tambour est devenu en deux disques un harmoniste de géni
3. FRANCOIS AND THE ATLAS MOUNTAINS - E volo love
On sétait étonné que je mette Brother EP comme disque de l’année il y a quatre ans. On pouvait être surpris de mes réactions dythirambiques face aux plaines inondables. François confirme à la face du monde son talent hors norme. A jamais dans mon panthéon, et pas seulement car les premières chansons entendues et appréciées par ma fille sont de lui. Depuis que Lejos Discos m’a envoyé le EP Brother, je ne passe pas une journée sans lui. Pour cet evenement du premier album d’un français chez Domino, François quitte les plaines inondables pour un disque qui prend une bonne partie de son inspiration dans notre mère l’Afrique.
4. MICHEL CLOUP - Notre silence
Plus qu’une simple résonnance vers un son qui est toujours ami (slint par exemple) ce disque de Michel Cloup est comme un instantané de mon histoire. L’émotion est brute pas de chichi mais pas non plus d’impudeur, une leçon d’écriture. Avec la reformation de Diabologum, et ce disque, Michel Cloup confirme qu’il est un (l’) acteur fondamental de la scène française.
5. CVANTEZ - Tigers
On croyait le groupe définitivement classé et archivé dans le quartier cause perdue du rock d’ici, Cvantez nous reviens avec un brulôt rock, jamais acide mais toujours tranchant. Cvantez délivre la France d’une frustration immense, ne jamais avoir eu ses Pixies. Un grand disque de l’ombre.
6. NOVÖ - Sur une courbe continue sans tangente
Dans sa musique froide, plutôt blanche, Novö y intègre une poésie quasi Houellebecquienne le cynisme en moins jouant avec les mots, tombant parfois dans les gouffres qu’un certains cinéma français semble s’obstiner à creuser, mais qui, en bon cascadeur de l’émotion forte, remontera aussi vite. Les références sont contemporaines, celles d’un underground classe, comme la collusion d’une forme de dandysme avec un rock froid presque glacial qui est capable quand même de vous réchauffer bien plus que le cœur. Les textes sont aux cordeau, ils ne gouttent pas à l’a peu prêt
7. ACCIDENT - Accident
Un retour aux années 80, avec de l’humour, du sarcasme, mais surtout du talent et une classe rare. Un accident de passer à côté ce bijou pas si surannée, hors des modes. Certainement mon coup de cœur de l’année
8. PETER KERNEL - White death & black heart
Nous n’emprunterons pas l’un des raccourcis que l’histoire nous propose, mais quand même, il est intriguant de constater que 2011 est peut être l’année de la fin de l’histoire de Sonic Youth, et peut être celle du début de la reconnaissance de Peter Kernel avec ce nouvel album aux accents du débuts des 90’s, entre les Pixies et la période plus Noisy pop de Sonic Youth.
9. BAXTER DURY - Happy Soup
Découverte tardive. Disque d’une fraicheur incroyable qui pourrait me pousser à passer à l’acte si j’avais une once de talent dans le domaine de la musique, ce que je n’ai pas. Restera ces chansons bricolées avec géni, une ode à la simplicité.
10. BONNIE PRINCE BILLY - Wolfroy goes to town
On pense toujours avoir fait le tour de l’œuvre de Will Oldham, on imagine l’encrier asséché, mais il nous étonne toujours. Tel un Woody Allen de la country Folk indépendante, Will Oldham oscille entre disque mineur et chef d’œuvre insubmersible. 2011 sera celle d’un très grand cru, une merveille.
11. MOGWAI - Hardcore will never die but you will
Placé après un live tout aussi électrique qu’élégant et un EP 4 titres surprenant, Mogwai nous aura proposé un album studio remarquable, confirmant qu’il se délaisse de cette croix qu’est le post rock pour être béatifié dans la grande histoire du rock. Avec cet album les écossais que le grand public a peut être découvert sans le savoir en suivant le chauve le plus célèbre du sport français, donne la possibilité à ce même public de découvrir cette musique qui n’est certes pas comme les autres, mais qui comme pas mal d’entre elles est le fruit d’une vraie recherche du frisson et de l’émission brute.
12. THE PATRIOTIC SUNDAY - Actual fiction
Effacé derrière ce patronyme, Eric Pasquereau parle de lui, du temps qui passe et qui laisse des traces, de la vie qui s’épuise sans nous épuiser, de la mélancolie qui nous sert à ne pas devenir trop heureux. Il utilise cette matière, comme un Lewis Carroll rock, croisant sa réalité dans le prisme de la fiction, affublant ses personnages d’oreilles de lapin ou des têtes de chat, brouillant les échelles. Il en fera autant avec sa musique, éclatant les formats pour leur donner des allures de puzzle bancale mais plus attractif. Tournant évident dans la carrière de The Patriotic Sunday, « Actual Fiction » est une œuvre majeure, un disque comme on croise que rarement dans une vie, nous rendant encore plus mélancolique d’une vie aux rebondissements éclairées et inspirés. Eric Pasquereau en douze morceaux vient d’aspirer le temps et le colorer. Prodigieux.
13. GO ! TEAM - Rolling blackouts
Avec « The Running Range » Go Team m’a offert mon premier moment de danse collective avec ma fille, me transformant en un marsupilamis gauche, et ma fille en petite fée découvrant l’attraction terrestre. « Rolling Blackouts » est un disque imparfait, bancal, mais il dégage une chose qu’il pourrait manquer dans les semaines à venir, la sincérité et l’envie d’en découdre avec la morosité. Disque bordelique et tendre à la fois, ce nouvel album de Go Team devrait se receler d’utilité publique.
14. DEL CIELO - Sur des braises
Sur des braises, des chardons ardents. Del Cielo canalise ses obsessions dans des chansons ramassées et tenues par la bride. On ne remettra jamais vraiment de ce mariage chez un Pialat technoïde. Tout un programme que cette façon de tenter un suicide le sourire aux lèvres. Sur la corde raide
15. PJ HARVEY - Let England shake
Probablement arrivé trop tôt, subissant les outrages du temps, « Let England Shake » signe le retour de PJ Harvey vers quelque chose de plus spontané, de plus direct, de plus frontal. Disque qui aurait pu ne pas sortir uniquement sous le nom de PJ, tant l’ensemble ressemble à l’avancée d’une garnison en rang serré.