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Magellan connaissait la rotondité de la terre, mais cela n’avait pas encore totalement convaincu tout le monde, même à son époque, des esprits chagrins ne pouvait imaginer la terre ronde, comme à l’heure actuelle certains continuent à croire en la sincérité d’un chanteur (en promo) pour une association caritative (enfoiré). On imagine aisément certains matelot scruter l’horizon avec comme crainte voir celui ci offrir comme perspective une chute dans le vide, un descente dans un gouffre sans possibilité de faire marche arrière, mourir sans découvrir un détroit, sans ramener des épices. Mais Magellan le prouva encore, la terre est bien ronde, sauf que 600 ans plus tard Jester At Work semble vouloir nous démontrer le contraire, envoyant à la ferraille les satellites ou lunettes astronomiques bonnes pour les dormeurs sans rêve. Antonio Vitale, au commande du bateau Jester At Work chante, joue, compose à l’image de certains matelots du 16 éme siècle, la peur au ventre, la mâchoire indifféremment serré ou grande ouverte pour laisser les cris couvrir les craintes. Les chansons d’Antonio ne respirent pas la quiétude d’une plage du bout du monde (sauf peut être le « Swellien » « Alphabet Tree »). Elles pullulent de monstres marins (Deep Black Sea) de récifs (This Night Will Be Dead). La mer laissera des traces jusque dans la voix d’Antonio, les cordes vocales comme attaquées par le sel, donnant des accents proche de ceux des Tom Waits virginaux. La musique est à l’image de l’effroi, de la peur du vide (la basse de « Unsolved (Mistery) Misery » est une marche funèbre à elle seule), elle cherche la lumière, un horizon rassurant, déchirant les mirages monstrueux en servant d’une guitare acoustique comme d’un sabre. Sans jamais tomber dans le disque de marin, des légendes, des beuveries, des filles faciles et dépourvues d’écailles, Jester At Work signe un beau disque sombre sur les affres que l’immensité de l’océan peut nous donner, comme si ce monde marin était à lui seul un univers à part entière. Disque rêche mais accueillant, « Magellano » est en définitive une embarcation solide, ne craignant finalement pas le vide, et arrivant sur un terre pleine de quiétude peuplée d’oiseaux.




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