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Chroniquons cette compilation comme si Bernard Lenoir n’en serait pas l’auteur coordinateur… Nan, on déconne, là. Autant demander aux Smiths de se reformer sans Morrissey ou à Ian McCulloch d’écrire aujourd’hui une chanson aussi parfaite que « The Killing Moon ». Car l’ombre de Monsieur Feedback est omniprésente le long de ces quarante-deux morceaux qui ravivent de beaux souvenirs adolescents l’oreille collée au poste (le soir, sur France Inter, fébrile). Là où la première compile démarrait fin 70’s (Joy Division), traversait les années new-wave (« Just Like Heaven »), s’agrippait au baggy sound (Stone Mondays) pour finir par quelques obsessions lenoiriennes (Dominique A, Murat), celle-ci se situerait, grosso modo, mi 90’s (autrement-dit : entre les derniers numéros mensuels des « Inrocks » et les premières années hebdomadaires).

Lenoir corrige ici quelques oublis de la précédente livraison (Pulp, Morrissey, The Go-Betweens), rappelle à l’ordre des merveilles injustement oubliées (éternel « Oblivious » d’Aztec Camera), prend l’auditeur par surprise (depuis combien de temps n’avez-vous pas écouté « Way You Walk » de Papas Fritas ?), réveille les cendres des « Beatles de l’an 2000 » (The Boo Radleys, qui d’autre ?), place à la même enseigne les grands petits groupes comme les mastodontes indie-rock (Neds Atomic Dustbin et les Chameleons méritent autant d’amour que Sebadoh ou Sonic Youth), oblige l’auditeur à ressortir ses exemplaires d’« Exile in Guyville » et « Whip-Smart » de Liz Phair (et, au passage, d’« Happiness » de Lisa Germano), ajoute à son palmarès la plus grande chanson de tous les temps (« Penelope Tree » de Felt, of course)…

Et si nous connaissons chaque chanson dans les moindres détails (à la ligne près dans le cas de Morrissey ou des Go-Betweens), qu’importe : Lenoir excelle dans l’agencement, les montées et les descentes d’adrénaline, les correspondances étranges bien qu’évidentes à l’écoute (Eels s’enchaîne à Silvain Vanot qui s’enchaîne à Calexico – et tout un lien apparaît soudainement). Car là où grand nombre de compilations se contente d’emboiter les morceaux, Lenoir crée des connexions atmosphériques, des logiques musicales. Murement réfléchies, les compilations de Lenoir peuvent également se permettre l’incongrue sans que cela ne choque l’auditeur : Camille (pas trop notre tasse, sinon chez Murat) débarque soudainement et on aimerait la serrer dans nos bras tant, dans la logique Lenoir, le titre « Quand Je Marche » exige une attention que nous n’avions auparavant jamais accordée à Camille…




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