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Il semble qu’on prenne enfin ce train, il est temps de laisser derrière les mélancolies On ne marche plus comme dans Walker, on va plus loin, on prends le train, s’assoir a la fenêtre de la machine, laisser passer les paysages, et happer au passage des gares les âmes jumelles qui teindront nos envies de leurs histoires, conte a conte, chanson a chanson, les fervents Eric Pulido et Tim Smith, les géants Stuart A.Staples, et les inattendus, lumineux Christophe et Anne-Catherine Gillet. Et tous ces gens en attentes le long des rails, sagement endormis pour mieux rêver aux sons des machines et touches blanches et noires, Cascadeur amplifie son monde et le monde se fait plus grand, les immensités deviennent différentes, humaines, sensibles, les immensités se fond minimes, intimes et ferroviaires. Et le destin de ce train movie est précieux, c’est le lieu qu’on aime depuis toujours, c’est le lieu qu’on voudrait aimer, le lieu qu’on a peint dans les chapelles, les caves, les partout a la fois, les nulle part ailleurs. Micro monde titanesque, l’intime, le long des chemins de fer où les étendues grandiloquentes promènent nos yeux fermés de bonheur sur des déserts habités de pluies et d’or, où les gouttes de sons se distillent avec l’élégance de vieux ballets russes, engrenages parfaits des petits pas chassant de leurs chassés les fumées de la machine. Les orients, les occidents, les ici-bas et les plus loin baignent dans le dandysme huilé de chaque moments, car plus que chansons, ce sont là des moments, des réveils, des vols, des voyages, des paysages, des corps, des mondes, un univers grandiose, interne. Et ce travail de peintre sonore pointilliste, aux joies si tendres, aux envies si chastes nous rends lentement paisibles, d’une liesse sage, mais en dedans, l’intense, le si dense plaisir.

Il y a encore sur les carreaux du wagon cette nostalgie, cette tristesse qui a marqué les anciennes stations et nous a épris d’eux, ces gris cieux qui invitent tant de leur romantisme a la poésie des décibels, a la langueur de leurs créations, a ce gout des dentelles fines d’accords léchés, musiques de films muets d’antan que l’on colore de légères surprises, de rebondissements assourdis de détours musicaux. Et le train de longer la plage où se surfer fantôme apaise ses douleurs dans les limbes d’océans parfois fougueux, parfois aériens. La peau devient sensible aux images, nos corps entre dans ces jeux de lumière, et le disque entier devient vital, vie, ce disque a une vie propre. Cascadeur nous a laisser entrer dans son monde comme un train entre en gare, mais c’est que son monde est notre besoin interne de chaleur douce, de sens fins, de bonheur léger, de musique lisse et pénétrante comme baiser.

Quand au train, on ne le laissera plus, on en descendra jamais, pris au piège du plaisir, avide des paysages qui y défilent, tendrement assis sur les sièges veloutés, gare après gare, a chaque moments, un départ, avec toute sa symbolique tristesse, avec toute sa mystique somptuosité, et les rails éternels, et les rails éternels.




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