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Reggae et trip-hop vont généralement de pair, quand bien même l’alliage verse trop souvent dans le ludique ou une joyeuseté musicale enrobée de textes expressément assassins. Sur ce point, le trio montpelliérain Betty Argo déjoue tous les pièges et propose un premier album aussi rafraichissant que délicatement spleeneux.

« Who’s Betty Argo ? » est un disque dont la particularité initiale consiste à ployer l’auditeur sous l’amoncellement de tubes gorgés d’or (mention spéciale au terrassant « 70 blocks », plausible hit nocturne des prochaines partys estivales) ; puis de ramener celui-ci à de nombreuses écoutes attentives tant, chez Betty Argo, la mélancolie possède la dignité de ne jamais s’afficher avec ostentation ou gage de crédibilité. Car, à l’instar des séminaux « Dummy » et « Blue Lines », torpeurs et engourdissements ne s’expriment ici que sous la seule possibilité du bonheur éphémère, de la clarté quotidienne soumise à des orages qui tardent à venir (mais qui viendront tôt ou tard)… Loin, par exemple, du reggae-punk ironique des premiers Lily Allen, Betty Argo compose des merveilles souvent dansantes dont la forme invective aide à mettre en relief un fond parfois morose, maussade, quoi qu’excluant les élans défaitistes ou cyniques. Musique qui revendique ses émois jusqu’à les transformer en hymnes dancefloor, apathie contagieuse qui n’hésite guère à sursauter frénétiquement dès que l’occasion se présente, voici un disque qui ravira les grincheuses matinées comme il boostera l’accalmie du week-end. Betty Argo : parfaite chimie entre ecstasy et valium.




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