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KPas facile de chroniquer la hype annoncée. En fait il faudrait le faire six mois avant qu’elle ne décolle inexorablement ou six mois après pour voir ce qu’il en reste. Éviter de lire ce qui a déjà été écrit, se contenter du minimum, quelques éléments biographiques, se méfier des clichés, des comparaisons racoleuses, essayer de rester imperméable à tout cela. Bref, faire son taf. Pas évident non plus de défendre cette musique qui d’évidence ne restera pas dans l’ombre et peut dénoter dans un environnement indie folk-pop-rock. Mais bon, au diable les chapelles, les a priori et les dogmes. Quand la musique est bonne…

Découverte par Gilles Peterson, la danoise d’origine Zambienne Kwamie Liv a bourlingué (Afrique du Sud, Turquie, Suède, Kenya, Irlande, …) et essaimé quelques titres sur la toile avant de débarquer avec ce premier EP. Annoncée comme une future grande, on cite à son propos M.I.A., Banks, Lana Del Rey, FKA Twigs, etc. Son futur succès fait peu de doute tant ce premier EP est une vraie réussite de r’n’b dépouillé, un r’n’b délesté de ses plus affreux oripeaux, gardant juste ce qu’il faut de sensualité et de groove. Une version sans frontières et moderne qui emprunterait les chemins du trip-hop et frapperait à la porte de la pop. 7 titres qui oscillent entre ballades légères et morceaux plus animés. Mais toujours avec finesse et sans artifices.

Dans des métropoles où les corps et les cœurs se perdent et se retrouvent, au fil du temps, suivant le cours des sentiments contraires, nous nous sommes égarés dans des chambres aux derniers étages de ces tours qui tutoient les nuages, des draps croisés, des bras tendus, des corps aux aguets, la brume se lève peu à peu pour laisser place à une moiteur cotonneuse, ouatée, au fil du temps, les sentiments s’éloignent sur des chemins de traverses, prenant le temps de se mettre à nu pour mieux revenir. Histoires sans parole. Histoires sans fin. Boucles hypnotiques et rêveuses, flâneries électro-sensuelles, corps à corps en chœur dans ce décor nocturne, cœur à cœur encore au matin revenu dans l’aube électrique et humide. Trip mélancolique sous anesthésie volontaire.

Downtempo languide, production minimaliste, on flotte dans un monde de coton et de sensualité. Si « comin THRU » peut légitimement agacer avec une impression de déjà entendu, comme un « Paper Planes » chanté en duo par M.I.A. et Lana Del Rey, la reprise du « What You Need » de The Weeknd est une réussite. Idem pour l’entêtant « Lost In The Girl » qui démontre un vrai potentiel pop. L’ambiance s’installe assez vite, et il faut reconnaître un vrai savoir-faire à Kwamie Liv pour nous attraper par les sentiments. C’est dans la sobriété, quand elle tombe le masque qu’elle convainc le plus avec l’éthéré et poétique « Coming Down », le vaporeux « 5 AM », ou encore un « Follow You » délicatement enivrant. Des débuts plus que prometteurs.




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