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trouvez la forêt, buvez sa riviere

Il ne faut pas écouter Kramies, Kramies n’est pas là sur scène pour le son, il est là pour la magie, il est là pour le voyage, là pour la fantaisie de nous maquiller, là pour nous faire croire a l’intangible, a l’invisible, là comme petit enfant reniant de l’heure du sommeil a la guitare, seul dans le faisceau de lueur blanche, Kramies n’est pas là pour être écouté, il est là pour etre bu comme on boit une riviére, il faut boire Kramies, tout en sachant qu’on ne boira jamais les eaux de ce fleuve entier, tout en sachant qu’il le faut, parce qu’il charrie des pepites d’or si timides et lumineuses qu’il faudra toutes les pecher, ne laisser s’echapper aucune, de peur de tristesse, de peur de tuer certaines magies latentes entre une corde et une main, entre des cordes vocales qui se tressent comme des filets a poissons et autres etres fantastiques, et nous attrappent dans la beauté hypnotique de quelques rives. Il faut boire Kramies, de la premiere gorgée garder la sensibilité, des suivantes la candeur et les faiblesses si musicales, et rester dans l’obscurité pour ne pas troubler les particules de magies qui viennent applaudir autour de sa chevelure, il faut se saouler du courant de cette riviére, laisser dans l’ivresse nos corps se chercher des repéres dans les etincelles que deploient les vaguelettes de la surface, laisser nos corps chercher des pistes pour revenir dans nos déguisements de Peter Pan et de premiers amours. Il est si bon de n’etre qu’une écoute, une presence inerte qui ne sait que voyager sur ce son comme on dérive sur les flots, il est bon d’ingurgiter sans doser ces fleuves qui viennent de là et iront ici, sans départs ni arrivées, eternels d’avant et immortels d’après. Il faut s’oter les secheresses et abuser de ce monde tournant autour d’une chaise quelconque posée sur une scéne si énorme, mais qui devient un chez nous, le ruisseau de nos enfances, ces limbes où reposent les averses avant de se joindre aux sources, avant de retourner aux deltas, avant d’etre oceans, chez sois, en dedans de nous, dans nos cages thoraciques, ces mêmes qui s’etirent jusqu’à la voix du troubadour pour laisser entrer toute l’eau du fleuve. Nous ne boirons jamais tout ce flux, au diable les impossibles, Kramies a la magie de nous faire sentir geants, planetes entieres, au diable ce petit fleuve qui ne sera jamais assez, dont on priera la marée croissante a chaque besoin de rêve, a chaque necessité d’humain et de magicien, a chaque abscence de sincerité et présence de doutes. Le petit enfant aux cheveux blond qui éclaboussent le rayon de lumière de poussière d’or dérobée au torrent, remercie a chaque instant ce grand espace où peut encore couler sa matière de « Mercis » souriants qui éclairent les loges et chaises et les rends trônes et iles de Neverland, les saints buveurs en silences rapprochent leurs verres et graals pour ne plus perdre une once de la magie, il ne faut pas écouter Kramies, il faut le boire jusqu’à la lie, jusqu’à découvrir l’importance, noter les émotions variées de cette guitare, et la poésie de ce petit baigneur, petit chercheur d’or, apprenti magicien, merveilleux musicien, et enchanteur de théâtre et pontons.