« N’oublions jamais d’être heureux, même en Novembre même quand il pleut ». Cette phrase Anne m’a longtemps obsédé, n’étant pas un naturel optimiste, voyant le mal au pas de ma porte, j’ai peut être trouvé là l’occasion de regonfler mon sourire et de l’attacher au bout d’un fil que je vais tenir fermement dans mes mains, l’attachant au pieds de mon lit quand mes mains se reposent. Le noir en cette période semble être pourtant notre couleur, en cette saison où la nuit gagne la bataille contre le jour, en ces instants où le bruit semble devoir être sourd et recouvrir le silence de nos pensées aimantes.
Je ne sais pas si vous êtes l’oiseau de nuit, ou si celui ci est un fantôme qui semble prendre un malin plaisir à errer prêt de vous, vous fuyant, ses pas couverts par vos murmures, vos beaux murmures, peut être certains des plus beaux. Vous dites que « sans laisser de traces la poésie s’enfuit » , mais alors vous êtes probablement une chercheuse émérite, une adepte du filet à papillon féérique pour pouvoir signer des phrases comme « laisses moi me raconter que tu n’es pas parti, ce terrible réel n’était qu’une insomnie » que ne renierait pas le Dominique A d’Eleor.
En vous écoutant j’ai pensé à Françoise Hardy, j’ai pensé à l’Amérique, celle des belles guitares qui se promènent dans les grands espaces. J’ai pensé à "Moitié" la chanson de François and the Atlas Mountains dans laquelle il dit "Laisses-tu passer les jours à côté Vis-tu de nuit pour nous voir à moitié ? Vêtu de nuit pour nous voir à moitié La moitie que tu aimes à prendre et à laisser". J’ai pensé à mes craintes de voir un corps endormi ne descellant pas une oscillation sur celui, craignant le départ, provocant le réveil par le touché. J’ai pensé tomber dans le sommeil, mais vous avez le sens de la dramaturgie, nous surprenant d’un accent pixien sur la chanson titre.
Vos mélodies lumineuses, des arrangements aussi gracieux que votre chant font que votre disque est une des plus belles escapades de la chanson d’ici (avec Giséle Pape et son EP "Oiseau"…..étonnant non !) un disque intime qui devrait séduire le plus grand monde, un disque du toucher, du frottement, de ces doigts qui électrisent la peau nue d’un corps allongé dans une nuit pendant laquelle les oiseaux s’aiment. Envolons nous avec Anne Cardona