Ce festival, on en entendait parler depuis des lustres… on voyait passer chaque année la programmation avec envie, et puis là, boum, on s’est dit : on y va ! Alors bon, nous n’avons pas pu y aller dès le premier weekend, hélas, et avons manqué des concerts forcément beaux : Emilie Zoé, nouvelle artiste suisse à suivre de près, The Patriotic Sunday – projet plus intimiste d’Éric de Papier Tigre, Supercilious, et tant d’autres… Voici donc nos impressions sur le 1er jour des 3 que nous avons passé à Vendôme, pour fêter dignement cette 25ème édition des Rockomotives.
Nous arrivons vers 18h30, dans l’auditorium rénové de l’école de musique de Vendôme, dans l’ancienne abbaye. Le concert de Tue-Loup a déjà commencé, ils jouent le magnifique "In Vivo" extrait de leur dernier album Ramo. On se sent entrer dans une bulle de son, chaleureuse, qui nous apaise et nous fait oublier la fatigue de la route. Puis changement d’instruments, le bassiste Eric Doboka passe au clavier et le guitariste Thierry Plouze à la basse, l’impeccable Alex Berton assurant la batterie.
Le public est assis et attentif, en communion avec le chanteur Xavier Plumas qui mène les débats (« comme dit Casanova… »), et se laisse happer par l’atmosphère des titres, dont l’entêtant "Un incendie". Ils terminent leur set généreux de près d’1h30 par une reprise de Wedding Present, groupe qui a joué dans une édition passée du festival. À noter que ce concert fait partie des concerts "sauvages" qui ont lieu chaque après-midi durant les 3 jours dans un lieu atypique, filmé par What Comes Around Goes Around (http://www.wcaga.fr).
Nous nous rendons ensuite à la Chapelle Saint Jacques, à quelques centaines de mètres de là, en plein centre ville, où ont lieu les quatre concerts suivants. On découvre le cadre magnifique de ce bel édifice du XIIe siècle, superbe écrin pour des artistes visiblement heureux d’être là.
La soirée débute gentiment avec le tout jeune australien Hein Cooper en solo avec une guitare acoustique, des loops, déclenchant parfois des rythmes aux doigts. Le jeune homme à la figure d’ange chante magnifiquement des chansons pop aux mélodies sucrées qui font le bonheur des demoiselles présentes. Sa voix nous fait parfois penser à Jeff Buckley voire Asaf Avidan et fait des merveilles notamment sur la reprise de "I need a Dollar" d’Aloe Blacc. Sa musique est faite pour se trémousser et quelques personnes balancent des hanches dans le public. Nous sommes cependant plus convaincu quand il laisse les artifices de côté pour ne garder que voix et guitare sur sa toute nouvelle compo.
Des années qu’on attendait ça ! Revoir Dominic Sonic en full band, avec batteur, guitariste et bassiste, aux services de son rock efficace et direct. Outre les titres de son dernier album "Vanités #6" et une reprise de Lords of the new church, il nous gratifie de quelques anciens succès dont "What I’m waiting for" et "When my tears run cold", le public reprenant les paroles en chœur. À un moment, un fan est invité à monter sur scène et en profite pour glisser "C’est vachement bien !" au micro. Le set est énergique, le groupe assure, Dominic fait ronronner son ampli à grand coup de feedbacks, on sent leur plaisir sur scène… plaisir partagé.
C’est la 1ère fois que les 4 danois de Liima jouent à Vendôme, mais certains musiciens sont déjà venus dans des éditions précédentes avec Efterklang. Ce qui nous frappe d’emblée, c’est l’orientation électronique de l’instrumentation, contre-balancée par le détournement d’objets du quotidien : une table à repasser sur laquelle on retrouve des gamelles pour chien, des couvercles de casseroles… l’effet visuel est saisissant.
Et dès le premier morceau, on est happé par leur électro planante & barrée, dont tous les rythmes sont joués aux doigts (scotchés en rose) et au pied (droit) par un batteur debout, d’une redoutable précision. Ce même batteur qui tape frénétiquement sur les gamelles avec des baguettes et fait valser tous les récipients au fur et à mesure d’un court morceau percussif et endiablé. A côté de lui, le bassiste sourit à l’envi au public, tandis que son comparse aux claviers et machines s’occupe de lancer des nappes (non, pas sur la table à repasser ! Faut suivre, un peu) de son enveloppantes. Le chanteur charismatique a une voix très aérienne, plutôt grave et joue parfois sur un mini synthé (OP-1 pour les connaisseurs) tourné vers le public ; sur un titre, on s’étonne à apprécier son utilisation de l’auto-tune, à vous réconcilier avec cet effet. 1982, morceau récemment composé, termine ce concert trippant.
Pour clore la soirée, le trio déjanté Gablé nous emmène dans son univers fantasque : tout est prétexte au jeu. Ils sont très joyeux et souriants et prennent des attitudes absurdes, ils utilisent beaucoup de petits sons bizarres qui font écho à l’enfance (cloches, flûtes…). Tous trois chantent en anglais ou par onomatopées, et s’appuient sur des séquences auxquelles ils ajoutent guitare, claviers, percussions, etc. de façon parfois anarchique, mais toujours judicieuse. On a plus l’impression d’assister à un happening qu’à un concert. La 2e partie du set dérive vers une électro immersive… malheureusement interrompue par un problème technique sur une guitare, perturbant le concert plusieurs minutes. Ne se laissant pas déstabiliser, le groupe enchaîne ses derniers titres avec une vigueur renouvelée… et revient pour 2 rappels.
Cette première soirée est une bonne entrée en matière pour nous, entre valeurs sûres et découvertes, dans une ambiance chaleureuse qui représente à merveille l’état d’esprit de ce festival à l’éclectisme assumé.
Photos : Jérôme Sevrette
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