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Je vous convie à une plongée dans un antre à la profondeur abyssale, une de celle que nous pensons sans retour, les parois glissantes, la pesanteur lourde et chaude empêchant les mouvements, même les plus simples. Si vous avez un esprit de synthèse, vous pouvez me rétorquer qu’en définitive, je vous invite dans un lieu entre l’enfer et la mort, une sorte de treizième étage entre ces deux mondes inconnus, car nous le savons tous que le treize porte-malheur, même dans l’œil du cyclone.

Nicolas Gasparotto n’est peut-être pas superstitieux, mais il doit finir par croiser les doigts en se levant, priant une entité qui pourrait lui amener enfin une forme de sérénité et de bonheur. Car sans vous énumérer les dernières années de Nicolas (cela pourrait faire passer les journées de Jack Bauer pour des aimables parties de campagne.) sachez que cet album, sorti sous le nom de son projet Pleine Lvne, a permis à son auteur de soulever des montagnes de vicissitudes.

Si cela pouvait donner une suite de chansons mortifères (je dois bien vous avouer des craintes en voyant la pochette qui n’est pas sans me rappeler un import de Smog, ainsi que la typologie très heavy metal compatible rappelant les débuts de Nicolas dans des groupes de punk / metal / emo) au final, c’est un disque à la noirceur lumineuse, un disque folk à l’os, avec une qualité de prise de son donnant à certains morceaux un effet que mon corps tout entier n’a pu traduire que par un frisson interminable ( LV333 (si j’ai bien décodé la typologie) Instrumental arrivé au dernier moment).

Seul aux manettes, ne se laisse pas aller, traduisant la violence de la vie via des chansons à la nudité suggérée, mais jamais total, le musicien sachant faire de l’économie de moyen une force que je n’ai pas retrouvé depuis le " Live at Sin-é " de Buckley (je sais, je vais loin, mais mon échelle épidermique a parlé, et elle a toujours raison).

Rares sont les disques personnels à nous toucher autant. « Heavy Heart » est de cela, car au final, il parle aussi de nous, de nos vies ne sont pas si dissemblables, chacun essayant de mettre la tête hors de quelque chose, en espérant croiser la lumière. Si le disque n’est pas un phare, il est un compagnon qui pourrait vous aider à respirer.

C’est le cœur gros que nous quitterons ce disque, un ascenseur émotionnel incandescent.




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