On ne s’y frotte jamais sous des températures extrêmes. Ils nous brûle qu’il soit froid ou brûlant, tatouant notre peau pour des années. Il s’est forgé une réputation de robustesse, remplaçant progressivement les bois trop vivants et poétique pour assurer une cohésion dans le temps. Le Metal est cette matière que nous aimons ajouter à nos vêtements, certains à leur corps, d’autre en faire l’élément de la création, loin de la géométrie caldérienne, plus proche des hauts fourneaux que des esthétiques adoubées. Bleu Nuit en a fait un album. « Metal ». Face à la plaque blanche, le groupe montréalais a tracé des lignes, des obliques, façonné des reliefs, comme si la pochette mythique d’Unknown Pleasures éalisé par Peter Saville, servait de base aux oscillations à imprimer sur la matière. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, non Bleu Nuit n’est pas un enfant de Joy Division. Le groupe n’a pas cette tension effrayante dans son répertoire, celui-ci pouvant même faire ressortir des envies de joutes avec le plaisir de danser, sans pour autant aller au bout de l’affrontement. Non, Bleu Nuit serait plutôt une version possédée de certaines perles de la « Matrice » de Wilfried (« clef d’or » pour ne citer que ce morceau, « Oscillations » dans une version ode à la dystopie moderne). Se frottant sciemment ou pas à une posture arty (la longue plage de « Utöpie » qui se crash comme le ferait une installation éphémère à la FIAC pour acheteur à la conscience desquamée), le quatuor multiplie les couches (Mensonges) prenant l’auditeur aux tripes, à défaut de séduire totalement. Construit comme un désert que l’on traverserait dans le même état que Gary Grant dans « La Mort aux Trousses », ressemblant à s’y méprendre à certains titres de Vertige, plébiscité ici, mais dépourvu de la patine spéciale que le quatuor donne à ses titres.
« Métal » est un disque plein de promesses, qui joue avec nos assurances, mais prend aussi le risque de ne pas mettre à mal nos incertitudes. Chroniqueur tordu ou disque orpaillé ?