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La lecture d’un livre sur la musique, que ce soit une biographie, une autobiographie ou une recherche sur un style une époque, n’est réussi pour moi, que si celle ci provoque chez moi une irrémédiable envie de me replonger dans la totalité de l’oeuvre d’un artiste, ou dans le cadre d’une époque, comme chez JD Beauvallet, de picorer avec une frénésie dans une discothèque idéale rêvée. Dernièrement, je me suis replongé dans l’œuvre de U2 par le biais des DVD suite à l’autobiographie inégale mais passionnante de Bono, essayant de replacer les pensées désordonnées de celui dans une trame chronologique.

Il y a longtemps, que je n’ai pas écouté Tricky, et pourtant, je place immanquablement Nearly God ou Pré-millenium Tension sur ma liste de disques à mettre dans une malle si je devais un jour descendre dans un abri antiatomique (oui, l’histoire de l’île est moins crédible.). Je n’ai pas écouté les deux derniers albums ou de façon distraite, mais dernièrement un live à Ground Control sur Arte (Florine Delcourt y est rédactrice en chef.) m’a titillé, retrouvant trente ans après, la même silhouette, la même voix et cette félinité à l’urgence contenue difficilement. Annonciateur d’un nouvel album avec Marta (la rencontre elle-même témoigne du pouvoir d’attirance de Tricky), il s’accompagne avantageusement d’une nouvelle sortie chez Playlist Society d’un essai de Florine Delourt au nom sans équivoque « Tricky, Antistar Superstar ». Titre imparable pour celui qui snobera Bono qui le souhaitait pour la production de « Pop », qui s’éloignera de Massive Attack et de la Wild Bunch qu’il jugera trop compromis, et qui somatisera à l’extrême un soir de concert avec Beyonce à Glastonbury. Écorché vif à l’intransigeance qui force tout autant le respect que le questionnement quand il est obligé de vendre ses droits sur ses productions pour faire face à une vie parfois dispendieuse, Tricky s’est imposé sans séduction, faisant de la musique avant tout pour lui. Entre ses multiples collaborations féminines de Martina Topley-Bird à Björk en passant par Neneth Cherry ou PJ Harvey, celles du fan qui aura la chance de travailler avec certaines de ses idoles (Terry Hall évidement). Entre ses lieux de vie, de Bristol (à noter une mise en perspective épatante de Bristol dans le livre, dans laquelle l’histoire de cette ville explique beaucoup l’émergence de ce style que Tricky lui-même déteste, le Trip-Hop, jugeant que nous ne devons pas nous mettre sous une étiquette sous peine de nous enfermer) à Paris en passant par Londres ou les US ( Tricky chez Disney), c’est une histoire de la musique contemporaine qui nous est ici retranscrite avec une fluidité et une clarté qui font de cet essai un indispensable. Entre anecdotes, drames, histoire familiale complexe et tragique, joies éphémères et décryptage du Tricky Kid (titre d’un de ses morceaux les plus dingues), ce livre est une porte d’entrée pour ceux qui ne le connaissent pas, et un ré activateur d’une passion que le temps et la masse de musique avait finie par étioler.

Florine Delcourt ne traite pas d’un mythe, elle parle d’un type normal à la carrière anormale, un type intègre dans un monde de la musique pleine de compromission. C’est un guide de voyage dans le pays d’Adrian Thaws, homme de liberté, ange au visage inquiétant.




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