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Vénérable label basé à Hambourg et fondé en 2002, Pingipung (Umeko Ando, Sven Kacirek, James Din A4, etc.) concrétise, à travers la publication de Songs for Broken Ships, une collaboration de longue durée, née en Inde une décennie auparavant, suivie de résidences - à Bangalore et en Allemagne - puis d’une tournée au Japon, entre l’actrice M.D. Pallavi et le violoncelliste Andi Otto, dont les fines et étranges compositions électroniques furent éditées chez Multi Culti et Shika Shika.

Interprétées en kannada (une des plus anciennes langues dravidiennes, parlée depuis plus de 2 500 ans et dont la particularité est d’avoir trois genres – féminin, masculin et neutre ; RedCar, voilà le bonheur !), les dix chansons de Songs for Broken Ships déploient patiente mélancolie et noirceur doucereuse en un folktronica riche en images (les épaves, l’égalité sociale, les luttes artistiques), que le phrasé ragga lancinant de MD Pallavi rehausse, comme sur un Prayer to the cloud suavement énervé, à la lisière de ce que pourrait proposer un Hot Chip dépressif et pointu. Dans la même veine, Konnakol Disguise enfonce le clou, à coups d’onomatopées évoquant le Da Da Da de Trio et un Kraftwerk agile des pieds.

L’acoustique et le calme ont néanmoins toute place dans un album certes contrasté mais hyper cohérent, dont les rythmiques parfois complexes (car asymétriques : typiques du folklore asiatique – au sens très large du terme -, les mesures à cinq et sept temps renforcent, de par le décalage régulier induit, la sensation de flottement) assouplissent des ritournelles telles que Flute Boy, que ne renierait pas les merveilleux Tenniscoats. A l’instar du joli comme tout (Agnes Obel n’est pas loin) et conclusif Look Again, interprété du bout des lèvres et des doigts, l’ensemble est charmant et mérite vraiment le détour.




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