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Pour composer des morceaux délirants et délurés (Touch The Gland, titre de chanson de l’année, selon le magasine Oak and Frog), certains carburent à la weed, d’autres aux poppers, quand Fancy Willy Fenton et ses comparses (le batteur Jérôme Spieldenner et, au mixage, Jean-Sébastien Mazzero) placent la barre beaucoup plus haut, grâce à la vapoteuse parfum banane de chez Mr Frog.

Nonobstant la Sainte Trinité lo-fi ayant servi à bâtir l’album (vocodeur cheap, riffs à 3 cordes, synthés Akaï S2000), la biographie promotionnelle de cet intriguant Banana Fog est avare en détails, mais évoque une chambre d’hôtel à Khel – plus particulièrement la chambre 11 : un lien avec le lieu de luxure et de désastre situé à Perthuis-le-Long, que Maupassant décrit dans sa nouvelle éponyme ? –, petite ville frontalière certes située en Allemagne mais partie intégrante de l’agglomération de Strasbourg, où s’active depuis le début des 2000s le label Herzfeld (KG, Electric Electric, Lispector), qui revient en force avec, en ce début d’été, pas moins de quatre sorties.

Nous avions beaucoup apprécié le A Scent Of Ruins de Hicks & Figuri, il est désormais temps de s’intéresser à Fancy Willy Fenton, d’autant plus que la vidéo trash cool mauve de Tchi Tchi Tchan nous avait ouvert l’appétit.

Derrière un visuel signé Christian Cantin, Fancy Willy Fenton, de sa voix funeste et trafiquée, égrène en douze titres un idéal déglingué de pop songs addictives, mélodies borderline, synthétiseurs acidulés, beats écrasés et chœurs entropiques à l’appui, mais n’oublie pas pour autant son amour des ballades envoûtantes carrément magiques (Hot), du genre qui appellent un rendez-vous romantique sur un pont à Central Park, ou à Vesoul. Plus loin, avec The Mirror, c’est un The Strokes concassé au glam rock qui se présente à nous. L’irrésistibilité du propos – mélodies convaincantes et arrangements malicieux – intrigue : c’est comme si le Muppet Show reprenait des Beatles 90s.

Il faut une confiance de malade pour en arriver là, ou s’appeler Renaud Walter (alias Renz, dont l’album Astoria fait office de préquel à Banana Fog) : il suffira d’écouter l’intense Peel The Root pour s’en rendre compte, ou le minimal Pretzel, ou s’engouffrer dans une une série de sacrées songs punky shoegaze, Animal Skin en tête, pour valider ce qui semble être à la base un pari osé – du vocoder partout, mais du vocoder bourré d’harmonies et de contre-chant – qui fonctionne carrément : quand fun et noirceur font bon ménage, alors s’éloignent les nuages.




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