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Avec l’inaugural Endtroducing…., ode au sampling publiée par Mo’ Wax, label star de l’époque, Joshua Paul Davis avait sidéré l’underground, au point d’en transcender les chapelles. C’est simple, en 1996, le monde ne jurait plus que par DJ Shadow, c’en était presque inédit : amateurs de pop, d’indie rock, d’électro et de hip-hop, main dans la main pour louer une inventivité sans bornes. Six ans plus tard, The Private Press impressionnait, même si l’album paraissait moins consistant. Et ensuite, on perd le fil : trop de voix, de collaborations, de featuring, trop de fausses pistes, trop de trop, trop de pas grand-chose, le producteur californien semblait errer, son amour pour les instrumentaux mélancoliques enfoui à tout jamais. Alors, quand humblement Joshua évoque un besoin de revenir aux fondamentaux et renouer avec ses deux premiers albums, on est tenté de le croire et d’accorder aux quatorze morceaux de Action Adventure une rallonge de crédit, à charge pour ce septième opus de ranimer la flamme. Au vu des critiques mesurées et du catalogue ringard de Mass Appeal Records (Nas, De La Soul, Divine), on se dit que ce n’est pas gagné : armé d’une bienveillance snob, faisant fi de l’immonde You Played Me (le seul titre chanté, une purge atomique), je me lance et, une heure plus tard, je ne sais vraiment pas quoi écrire. Si vous aimez la musique des séries américaines des années 80 (Knight Rider en tête), les bandes sons de jeux vidéos 16 bits édités par Psygnosis, les démonstrations de synthétiseurs cheap effectués par un commercial moustachu désireux de vous refourguer le bidule dernier cri super cher, le piano MIDI joué à un doigt, l’ambient morne, les rythmiques jungle datées, Action Adventure sera pour vous. Certes, Craig, Ingels, & Wrightson est écoutable, mais ça fait peu, on s’ennuie à mourir et, à mon sens, la (chouette) pochette – un plongeur émergeant d’une eau en flammes, visage déterminé et armé d’un couteau, ça va saigner – résume le problème. Rappelez-vous les jouets de votre enfance, les emballages promettaient monts et merveilles, pour mieux vendre une figurine en plastique au moulage imprécis et peinte de travers. Sauf que là, et c’est ce qui m’embête, on sent DJ Shadow sincère : alors, soit je fais semblant de n’avoir jamais écouté Action Adventure, auquel cas cette chronique n’existe pas, soit je fais comme avec les enfants quand en sortant de l’école, le sourire jusqu’aux oreilles, ils vous offrent un horrible dessin gribouillé de leurs doigts maladroits, que vous serez obligés d’accrocher dans le couloir, je les remercie du fond du cœur, parce que je les aime et que… oh wait, DJ Shadow n’est pas mon fils !!!




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