La magie d’Internet. Un soir, un inconnu vous contacte et vous propose d’écouter un album. Un album parmi d’autres, au milieu d’une myriade d’albums à écouter, sachant qu’en fin d’année, tout s’accélère, vos oreilles se bouchent, vous écrivez à toute vitesse mais jamais vous ne pourrez tout relater, quand bien même vous le souhaiteriez. Sauf que là on parle d’un groupe de Sheffield, formé à la fin des 80s : The Suncharms pèse une Peel Session, à l’époque où le rock anglais s’égayait entre Madchester, shoegaze et Sarah Records. Après une longue pause, le quintet revient aux affaires en 2020 avec Distant Lights, publié par les chicagoans Sunday Records (The Arctic Flow, Sullen Eyes, Desario), puis cet automnal Things Lost qui démarre (très fort), sur un solo de guitare électrique qui point ne déparerait chez Teenage Fanclub et une mélodie à la fois catchy et mélancolique : nous voilà en terres connues, celles de la pop électrifiée à haute valeur harmonique, harmonica à l’appui, quel merveilleux bain de jouvence que les dix compositions du groupe mené par Marcus Palmer, dont le chant lettré, apaisé et réverbéré, évoque les riches heures d’un certain label de Bristol que tout amateur de pop qui se respecte se doit de connaître, hébergeant des formations cultes telles que Blueboy et The Field Mice, les meilleurs d’entre nous savent (clin d’œil malicieux à ceux qui assistèrent en 1994, près de Vannes, au cultissime Sarah Festival – i was here and, sadly, drunk). Avec classe et délicatesse, The Suncharms laissent filer sous leurs doigts apaisés des chansons intemporelles aux mélodies simples et néanmoins raffinées, de quoi dodeliner de la tête en tapant du pied, avant que le mauvais temps de la très belle pochette ne nous rattrape.