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Je me faisais une (mini) joie d’écouter Ritual, le nouvel et septième album du producteur londonien Jon Hopkins, mais une virulente et néanmoins espiègle chronique de nos confrères d’Indie Rock Mag m’aura quelque peu refroidi, d’autant plus que – restons dans le domaine de la musique électronique – les opus récents de Jean-Benoît Dunckel et Mondkopf, pétris de louables ambitions (il s’agissait d’illustrer des pestacles de danse), se sont avérés compliqués à aimer (ma nouvelle expression pour dire : c’est nul). Alors, quand Jon se pointe avec sa symphonie synthétique en huit mouvements « taking ceremony, spiritual liberation and the hero’s journey as inspiration, it taps into an ancient and primal energy », on se dit qu’on tient un candidat sérieux pour le podium des disques prétentieux et / ou rasoirs de l’année. Sauf que les collègues ayant déjà tapé sur Ritual (« Electronica aseptisée pour auditeurs de Radio Nova et autres Parisiens branchouillards habitués de l’Élysée Montmartre ou du Trianon », ah ah, les bâtards !) (Je suis parisien), ils m’ont coupé l’herbe sous les pieds. Par vengeance, je pourrais passer en mode « Seuls les vrais savent » et affirmer que Ritual est absolument génial et que ceux qui pensent l’inverse sont des gros rageux snobs et frustrés (c’est la fameuse Défense Nakamura : ça marche pour tout, jusqu’à l’absurde), mais il y a que je suis gentilhomme, je dois me montrer équanime. En conséquence, j’ai ce matin, au tout petit matin dans le métropolitain, décidé d’appréhender les quarante et une minutes concoctées par Jon Hopkins et ses amis de longue date (Vylana, 7RAYS, Ishq, Clark, Emma Smith, Daisy Vatalaro et Cherif Hashizume – je sais pas qui c’est) comme étant l’œuvre d’un parfait inconnu. L’album nouveau d’un artiste nouveau, le temps d’un trajet entre Télégraphe et Saint-Sulpice. Ligne onze, dix stations, descente à Châtelet, trois minutes de marche, ligne quatre, cinq stations, je me sens comme dans un cocon, un cocon planant et hypnotique, les arrangements sont minimalistes mais occupent intelligemment l’espace, pas de variations mélodiques ou de contrepoints, on est dans une sorte d’ambient bourdonnante, monotone, apaisante, parfait quand on finit de se réveiller, très lentement le beat se fraie un chemin au travers des couches sonores, le disque progresse, atteint son acmé sur Solar Goddess Return puis décline tranquillement tandis que je regagne l’air libre. Alors ? Rien d’original, rien de captivant, rien de honteux non plus, pas de sophistication gratuite ou de fausse complexité, Ritual est très accessible (aux antipodes de l’IDM), et même plaisant à écouter (surtout au casque), le revers de la médaille c’est que d’une part ça manque de relief, de personnalité, de caractère, et que d’autre part on ne sait vraiment pas à quel public Jon Hopkins s’adresse. La prof de yoga du quartier, peut-être.




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