Cinquième album en dix ans pour le quatuor tourangeau mené par le chanteur guitariste Martin Vidy, dont le patronyme – Anna – a le grand avantage de l’universalité, à l’image des registres traversés durant les huit compositions bariolées et foisonnantes d’un The Fun solaire au possible : pop baroque et chaloupée (Names), mid tempo acidulé et psychédélique (Isolated), ballade mutante au final ébouriffant (Cinema), les éclectiques Anna ne s’interdisent rien et invitent à la fête un quatuor dont les arrangements fluides et délicats – clarinette, flûte, alto, violoncelle – enrichissent des mélodies à l’indéniable folie douce. Sur le minimaliste et planant Quiet Loves, c’est Margaux Bouchaudon (En Attendant Ana) qui se colle aux harmonies, mais vocalement tout le monde met la main à la pâte – Thomas Lion (basse), Hugo Torre (claviers, piano, percussions) et Antoine Hefti (batterie) : sur un titre comme The Fun, ça le fait grave. On retrouve chez Anna cette aisance qu’avaient certains groupes des 90s à se ré-approprier les 60s, tout en explorant d’autres voies, plus expérimentales et volontairement décalées – The Flaming Lips en tête – mais également la malice slacker d’un Mac DeMarco et les fulgurances bordéliques de Xiu Xiu et électriques de Deerhoof. Lettré, moderne, très plaisant.