La scène est son royaume, qu’arpente avec une indéniable majesté rock’n roll la féline, magnétique, puissante Audrey Lurie : en elle, il y a du Janis Joplin tout autant que du Robert Plant. Conquis, le public de la Maroquinerie, pleine comme un œuf pour fêter la sortie de Little Bit of Soul, le nouvel opus des franciliens Little Odetta, ne boude pas son plaisir. D’une précision chirurgicale, décontractés et néanmoins virtuoses (l’on pense parfois à du Pink Floyd joué très vite), les musiciens sont au diapason et, lorsque le quintette se livre à une reprise hantée du It’s A Man’s World de James Brown, des ondes d’amour se diffusent dans la salle, vibrations que vous ramènerez chez vous et qui vous dorloteront jusqu’à ce que (tardivement) le sommeil vous gagne. Cette énergie-là, cette belle et vivace énergie, teintée de blues, de soul, de gospel et de psychédélisme, infuse les onze compositions de Little Bit of Soul – entre hymne pour bar de motards (Little Bit of Soul), rockabilly (Sweet Release) et prêche garage (No Medication) – dont les structures alambiquées forment des sortes de poupées russes, avec des chansons dans la chanson et des digressions tout à fait inventives. L’album ayant en partie été enregistré en prise directe, le petit supplément d’âme qui pimente l’ensemble s’entend, faisant de Little Odetta bien plus qu’un rouleau compresseur blues rock, ce que par ailleurs il est. Le groupe formé par Audrey, Lucas Itié (guitare), Florian Chignon (claviers), Aurélien Herson-Macarel (basse) et Fabien Rault (batterie) est un programme, un programme à part entière (un programme pour une fois respecté – coucou nos chères élites) dont le leitmotiv est : groove, respire. Contagieux.