À peine quelques mois après la sortie de leur troisième et très convaincant EP Répétition, le trio alsacien Sinaïve revient avec son premier format long. Pourtant, à l’écoute de Pop Moderne, une des premières choses qui transparaît c’est que le groupe composé de Calvin Keller, Alicia Lovich et Séverin Hutt est revenu à un format plus court, collant ainsi avec l’ambition affichée du disque à travers son titre.

Si il y a bien sur bons nombres de titres, cette velléité pop, et une aspiration à une forme de légèreté qui s’exprime notamment par le chant comme sur Vivre sa Vie ou la première moitié de Convergence par exemple, le trio pour autant, ne renie rien de ce qui nous avait emballé sur ses précédentes productions, à savoir sa capacité à nous offrir une déclinaison presque idéale de ce qu’une guitare branchée sur un ampli à produit de meilleur depuis le milieu des années soixante.

De l’esprit garage de Élégie (Tant de Saison) et son handclapping entêtant, en passant par le bien nommé Velvétine qui assume pleinement sa filiation pour le groupe de Lou Reed, jusqu’au mur du son saturé sur Le Corps Ecléctique que Ride époque Seagull n’aurait pas renié, le groupe s’approprie tout avec un naturel troublant et y insuffle un souffle nouveau.

Les textes contribuent largement à cette incarnation, empreints parfois d’une mélancolie très émouvante ( notamment sur le sublime Providence et sa structure rythmique addictive comme celle de l’impeccable Art Babel un peu plus tôt), en ancrant totalement les morceaux dans l’époque et les tensions intimes et politiques qui peuvent la traverser.

Pourtant, si la dimension mélancolique est bien présente, il n’y a dans ce premier album aucun renoncement comme le matérialise Dasein ( Oder Nie Sein), morceau de bravoure du disque, longue cavalcade utopique et krautrock au texte engagé totalement euphorisante. Bref, que demander de plus en 2024 pour un premier album ? À part, à quand la suite ? Avenir Next

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